Robert Pattinson, deuxième vie
Page 1 sur 1
Robert Pattinson, deuxième vie
L'acteur britannique vient à peine de fêter ses 26 ans qu'il entame déjà une deuxième vie d'acteur, bientôt délesté des oripeaux du vampire glamour de "Twilight" (le dernier épisode de la saga restant à sortir à l'automne). Focus sur un "recadrage" déjà bien amorcé...
Alexis Geng
Chapitre 1 : Stagnation
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Une chose est sûre : "R-Patz" (surnom façon boys band qu'apprécie modérément ce musicien accompli) n'a pas attendu David Cronenberg pour tenter d’échapper à l’attraction puissante de l’astre Twilight - même s'il lui aura fallu l'intervention du Canadien pour y parvenir. En témoignent quelques films tournés pendant le développement de la saga : Remember Me, De l'eau pour les éléphants ou encore l’adaptation de Bel Ami sortie début juin outre-Atlantique - sortie limitée qui, inversement à la France, précède là-bas celle de Cosmopolis (qu'on évoquera en page suivante, et qui, c'est important de le rappeler ici, fut tourné après Bel Ami). Si les deux premiers ont fait mieux que rembourser leur budget de production (quand bien même il ne s’agit pas de la seule donnée à prendre en compte), on conviendra que leur accueil critique, tout comme celui réservé à Bel Ami, fut plutôt mitigé, voire parfois hostile lorsqu'on en venait à la performance de la jeune star.
Ainsi, concernant Remember Me, si pour certains la bluette n’avait « qu'un intérêt relatif : aider les fans du beau Robert Pattinson à patienter jusqu'à Twilight 3 » [Marie Sauvion, Le Parisien], d’autres évoquaient carrément le « charisme de planche à repasser » de l'acteur [Fabien Baumann, Positif], tandis que son interprétation dans De l'eau pour les éléphants était, elle aussi, régulièrement jugée « sans saveur » [Barbara Théate, JDD]. L’une des grandes signatures de Variety, Justin Chang, ne s'est depuis pas montré beaucoup plus amène concernant le travail du jeune homme dans Bel Ami : « “Je n’avais pas idée de la profondeur de ton vide !” s’exclame un personnage dans Bel Ami, et ses mots prennent une résonance involontaire, s’adressant à Robert Pattinson dans le rôle principal. » Un film pour les besoins duquel "Handsome Rob", londonien de naissance, a dû prendre quelques cours de diction afin de… retrouver son accent britannique, selon ce qu'en a rapporté Christina Ricci
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Trop proches du romantisme commercial attaché à son image de vampire glam’ ou trop explicitement marketés pour drainer son public de fans vers d'autres salles de projo (même dans le cas de l'adaptation de Maupassant, sans doute), aucun de ces films n'a permis à l’acteur d’accomplir le pas décisif vers "l’après". Perpétuellement menacé d’être dépassé par un nouvel arrivant sur le créneau teenager (Efron, voire Bieber…), irrémédiablement associé au couple gothico-people qu’il est supposé former (en vrai) avec Kristen Stewart, Pattinson est de fait, au-delà même de ses aspirations évidentes, un peu sommé de se réinventer - ou plutôt d'être réinventé - pour survivre. Lui manque donc la fréquentation d’un auteur : Pattinson cherche son Cry-Baby ou son Edward aux mains d'argent – puisque Johnny Depp, comme Leonardo DiCaprio et Brad Pitt (dans d'autres contextes), eut également à se défaire d’une encombrante image d'icône pour midinettes.
Précisons d'emblée qu’il s’agit de survie purement "artistique" puisque le jeune Pattinson (26 ans) est à l’abri du besoin pour quelque temps, payé plus de 12 millions de dollars par épisode de Twilight (sans compter l’intéressement aux recettes) et classé deuxième acteur britannique en termes de fortune personnelle avec 32 millions de livres (derrière Daniel Radcliffe, lequel a pour sa part vu sa rente se tarir l’an passé). « En termes de carrière, Twilight était une sorte de couverture de sécurité », explique l’acteur [The Observer, 06/11/2011]. « Ou plutôt qu’une couverture, un filet de sécurité. J’avais une fenêtre de trois-quatre mois entre chaque épisode durant lesquels je pouvais faire autre chose. Mais quoi que je fasse je savais que j’avais devant moi un autre Twilight, théoriquement assuré de faire beaucoup d’argent. Donc je pouvais toujours me permettre d’échouer. Après la sortie du dernier, vous pouvez en quelque sorte échouer deux fois – et il vaut mieux qu’il s’agisse d’échecs à petit budget. Parce que si vous rencontrez l’échec avec un gros budget, vous êtes plus ou moins fini dans ce milieu. »
Objectif donc "petits" budgets, mais à forte densité et exigence artistiques. Bref, adieu (du moins dans l'immédiat) aux films de studio. Même si le phénomène Twilight a fini par lui peser de façon visible (« Je n’ai pas signé pour Disney. Rien ne stipule dans le contrat que je sois obligé de sourire aux paparazzi », et effectivement l’acteur, plus par spontanéité que par irascibilité, ne s’est jamais forcé), celui qui n’avait auparavant pas fait grand-chose de mémorable** sait tout de même ce qu’il doit à une franchise qui lui a permis d’émerger de la masse, après avoir péniblement convaincu (grâce au soutien de Catherine Hardwicke) la production du film de le choisir et manqué de voir le rôle échoir à Orlando Bloom, Hayden Christensen ou Henry Cavill. Si Twilight est devenu au fil des triomphes un boulet, c’est aussi ce genre de phénomène qui, au-delà du fait de placer un acteur en A-List aux yeux des investisseurs, peut susciter l’envie de certains démiurges (un certain David C., par exemple) de détourner l’animal people pour en faire sa créature.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Quelques citations qui permettaient (déjà) d’espérer autre chose :
« Mon ancien agent avait l’habitude de me présenter comme la version masculine de Keira Knightley. Je pensais : "Bien, qu’est-ce que cela dit de moi, exactement ? Je fais souvent la moue ou quoi ?" » [Daily Mirror, 2009]
« Le premier Twilight est une métaphore portant sur les vertus de la chasteté, mais le film a eu l’effet inverse. Je reçois des lettres qui disent "Je vais me tuer si tu ne regardes pas High School Musical 2 avec moi." C’est un peu fou. » [Rolling Stone, 2008]
« C’est comme être comparé à ces gens qui ont été dans d’énormes films et qui ont plus ou moins disparu ensuite, même s’ils ont probablement eu des vies bien remplies et pleines de succès. Comme Luke Skywalker. Putain, c’est quoi son nom déjà ? [On lui souffle]. Ah oui ! Les gens disent quelque chose comme : “oh, la malédiction Mark Hamill." Et pauvre Mark Hamill. Mon Dieu. Je veux dire, je suis sûr qu’il s’en est très bien sorti. » [The Observer, Ibid.]
S'adressant à Reese Witherspoon, lors de la remise d'un prix à cette dernière lors des MTV Movie Awards 2011: « Je ne sais pas si tout le monde est au courant, mais j'ai tourné mon premier film avec toi. Cela s'appelait Vanity fair, la foire aux vanités, et tu jouais ma mère. Ce que j'ai appris par la suite c'est que tu étais directement responsable du fait que mon rôle avait été coupé au montage final - et c'est la vérité. Sept ans plus tard, nous avons de nouveau travaillé ensemble dans un film appelé De l'eau pour les éléphants. Et cette fois tu jouais mon amante. Je ne t'ai pas fait couper. Mais je t'ai baisée. » Même Jim Carrey n'eût pas fait mieux, rayon hommage.
Chapitre 2 : Rupture
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
« C’est la première chose qu’on remarque. Il est très réfléchi et analyse les choses. Et c’est un cinéphile, vous savez ? »*, explique Bill Condon (réal' de Twilight 4) au sujet de Robert Pattinson. Et effectivement, lorsqu’on le rencontre, le jeune homme fait bonne impression : pas vraiment une star "media-trainée" débitant d'une voix monocorde un discours formaté - voir plus bas notre interview vidéo. Bref, parce qu'il avait "besoin d' une nouvelle coupe de cheveux", l’acteur opte en 2011 (et non sans avoir longuement douté de ses propres capacités) pour David Cronenberg et son adaptation à venir de Don DeLillo, Cosmopolis, dont le scénario lui était passé entre les mains un an plus tôt. Il remplace ce faisant Colin Farrell, qui vient de quitter le projet... pour tourner le remake de Total Recall (no comment). « Il [Cronenberg] ne m’a même pas fait passer une audition. Quand je lui ai demandé [pourquoi il m'avait choisi], il m’a répondu qu’il avait juste eu un feeling… Quand j’ai ajouté que je n’étais pas sûr de comprendre de quoi parlait le film, il m’a dit : "Moi non plus, c’est ce qu’on va découvrir ensemble." »**
Dès qu'apparaissent en ligne les premières images de Pattinson en néo-tycoon, le buzz prend de l'ampleur, par la grâce de l'un de ces renversements de tendance qui s'opèrent ponctuellement dans les médias : « Je fais des films depuis huit ans et on m'en met régulièrement plein la gueule », explique Pattinson, « et puis d'un seul coup, ce teaser de trente secondes est diffusé et tout le monde s'emballe. C'était ridicule ! Le genre de choses qui te font comprendre comment fonctionne l'esprit critique de certaines personnes. »
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Sélectionné à Cannes (et reparti bredouille), sorti dans les salles françaises durant le festival, Cosmopolis a divisé, recevant autant d'éloges que de sifflets (autant dire que Cronenberg doit être aux anges) ; il suffit pour s'en convaincre de se reporter aux étoiles presse ou spectateurs... voire à l'écart entre les deux. Mais, venant opportunément ouvrir une année qui verra l'acteur se libérer bientôt de la franchise Twilight, le film a clairement marqué une rupture (les médias l'ont assez matraqué), et a surtout valu à Pattinson, qui est de chaque scène, ses premières évaluations uniment laudatives de la part des critiques. Quelques exemples :
« Vingt-quatre heures dans la vie d’un spectre hantant le monde, incarné par un jeune homme fantomatique, qui, autre effet de vertige, fut vampire dans une autre vie de cinéma : Robert Pattinson de chez Twilight et désormais made in Cronenberg. Transfert hautement réussi. »[Gérard Lefort, Libération]
« [Robert Pattinson] file de Twilight à Cosmopolis avec une incroyable aisance, incarne à merveille ce mélange de jeunesse et de cruauté, de sex-appeal et de déliquescence, de désir et de mort, cette maladie de la win confinant à la pathologie morbide qui irradie ce film et emblématise notre époque. » [Serge Kaganski, Les Inrockuptibles]
« Le casting de Robert Pattinson, improbable sur le papier, relève du génie et l’acteur, stupéfiant, fait preuve d’une intelligence de jeu que l’on ne peut attribuer au seul talent du réalisateur : force est de le reconnaître, le jeune homme impressionne, imposant du début à la fin du film (il est de tous les plans) une variation bien plus morbide et effrayante du mythe qui a fait sa renommée. » [Fabien Reyre, Critikat]
Objet d'adulation pour jeunes filles en fleur, l'acteur devient du coup d'un seul la coqueluche d'une partie de la critique - attendons de voir ce qui adviendra le jour où Justin Bieber collaborera avec Tom Waits... On ignore si le public de Twilight a suivi l'acteur dans ses "évolutions cosmopolites", mais le bénéfice que ce dernier en retire en termes d'image est indiscutable. Rupture donc, même si nombreux sont les spectateurs à avoir tracé un parallèle entre le vampire Edward Cullen et le golden boy Eric Packer. De là à percevoir des liens entre l'oeuvre du cinéaste canadien et la saga, ou à esquisser une cohérence a posteriori... On laisse l'acteur franchir le pas : « Je trouve le mélange d’érotisme et de pruderie [dans Twilight] très étrange, c’est difficile à réussir et, au fond, assez cronenberguien. Les personnages n’ont pas du tout un rapport au corps heureux et gentillet ; c’est très torturé. »** Quoi qu'il en soit, l'avenir s'annonce plus conforme aux grandes espérances de l'acteur : « Tourner Cosmopolis avec Cronenberg a changé quelque chose en moi. Ça m'a donné des couilles. J'ai cinq projets sur le feu en ce moment, qui suivent la voie que m'a ouvert le film. »
Chapitre 3 : Promesses
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
« Quand j'ai obtenu ce rôle [celui d'Eric Packer dans Cosmopolis], chaque article qui sortait était titré "Le combat de R-Patz pour sa crédibilité !"; Je ne comprends pas qui a pu inventer ce truc, "R-Patz", je voudrais les étrangler. Mais une fois que vous avez franchi cette étape, la suite ne ressemblera pas à "R-Patz continue de lutter pour sa crédibilité !" Il faut arriver avec quelque chose d'autre, et puis cela devient un petit peu plus facile. »*
Et effectivement, l’horizon semble se dégager, puisque les projets de Robert Pattinson sont nettement plus alléchants que par le passé. Comme il l’avait fait pour Viggo Mortensen (cf. A History of Violence) au sortir du Seigneur des anneaux (nettement moins "stigmatisante" comme saga, certes, et avec un acteur qui avait déjà vingt-cinq ans de carrière), Cronenberg a réussi en l'espace d'un film à transfigurer son interprète, à le révéler une seconde fois. Parmi les futurs projets du jeune homme, figurent donc aujourd'hui :
Mission: Blacklist, en premier lieu ; soit la traque de Saddam Hussein filmée par le réal' (français) de Johnny Mad Dog, Jean-Stéphane Sauvaire, et emmenée par Rob. Un film que le cinéaste (et son acteur) tiennent à tourner en Irak.
Le prochain Cronenberg (qui ne devrait pas être As She Climbed Across the Table, d'après ce que l'intéressé nous a confié, et pourrait s'appeler Map To The Stars, selon certaines sources). Il s'agirait du premier film tourné par le cinéaste aux USA, une oeuvre qui devrait être "très étrange" aux dires de son interprète. Filmé à Los Angeles, il s'intéresserait à l'industrie du cinéma, et n'a pour l'instant pas de dates de tournage. A confirmer, en clair.
Rover, le deuxième long du réalisateur d'Animal Kingdom, David Michôd. Soit un Guy Pearce lancé aux trousses d'une bande ayant volé sa voiture, dans le bush australien, avec Pattinson en voleur - voire en chef de bande, cela reste à déterminer.
Autres projets : un film sur The Band, la légendaire formation avec laquelle s'est produit Bob Dylan, et un thriller dont on ne sait pas grand chose, si ce n'est que « des tas de metteurs en scène français sont sur les rangs » pour le diriger.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Pattinson s'éloigne donc des blockbusters pour un moment. Et pour la suite ? S'il réussit pleinement sa mutation et souhaite faire fructifier sa nouvelle aura à Hollywood, on peut déjà affirmer que cet amateur de comic books trouvera la porte des studios grande ouverte au cas où il souhaiterait enfiler la panoplie de super-héros - ses favoris seraient Batman, Spidey et les X-Men, et l'acteur aurait même déclaré par le passé être intéressé par le rôle de Gambit, avant que ce dernier ne fasse son apparition sous les traits de Taylor Kitsch dans le très pénible Wolverine. Une possibilité à relativiser toutefois, si l'on se fie à la réponse amusée du Britannique lors du dernier Comic Con : pourrait-il se glisser dans le costume d'un super héros ? « S'il y a une suite aux Schtroumpfs, clairement. » Côté séries, on le sait fan de Doctor Who (au point de faire part de son intérêt pour le rôle il y a quelques années) et The Wire... Qui sait ce qu'un David Simon peut en penser.
Autre hypothèse (très très) lointaine : celle de le voir un jour, qui sait, tourner pour... Michel Houellebecq (si ce dernier trouve un producteur qui accepte de financer un autre film), ou dans une adaptation de l'un de ses romans ? L'acteur apprécie tout particulièrement l'auteur des Particules élémentaires, qu'il a failli rencontrer lors de l'un de ses passages à Paris, même s'il confesse n'avoir vu aucune des adaptations de ses livres au cinéma**. En attendant, côté réalisateurs français, Pattinson vénère Jacques Audiard, aimerait tourner pour Jean-Luc Godard (comme chaque Anglo-Saxon ou presque), et regarde avec intérêt les clips de Romain Gavras. A bon entendeur...
Ajoutons enfin que, rayon modèles, la star admire la trajectoire d'un Leonardo DiCaprio (admiration plutôt pertinente dans son cas), les choix d'un Brad Pitt, le "génie"*** d'un Nicolas Cage et a pour héros personnel Jack Nicholson. Adolescent, il aurait copié la tenue et les expressions de ce dernier dans Vol au-dessus d'un nid de coucou, adoptant ensuite comme nom de scène Bobby Dupea - soit le nom du personnage de Nicholson dans Five Easy Pieces.
Alexis Geng
Chapitre 1 : Stagnation
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Une chose est sûre : "R-Patz" (surnom façon boys band qu'apprécie modérément ce musicien accompli) n'a pas attendu David Cronenberg pour tenter d’échapper à l’attraction puissante de l’astre Twilight - même s'il lui aura fallu l'intervention du Canadien pour y parvenir. En témoignent quelques films tournés pendant le développement de la saga : Remember Me, De l'eau pour les éléphants ou encore l’adaptation de Bel Ami sortie début juin outre-Atlantique - sortie limitée qui, inversement à la France, précède là-bas celle de Cosmopolis (qu'on évoquera en page suivante, et qui, c'est important de le rappeler ici, fut tourné après Bel Ami). Si les deux premiers ont fait mieux que rembourser leur budget de production (quand bien même il ne s’agit pas de la seule donnée à prendre en compte), on conviendra que leur accueil critique, tout comme celui réservé à Bel Ami, fut plutôt mitigé, voire parfois hostile lorsqu'on en venait à la performance de la jeune star.
Ainsi, concernant Remember Me, si pour certains la bluette n’avait « qu'un intérêt relatif : aider les fans du beau Robert Pattinson à patienter jusqu'à Twilight 3 » [Marie Sauvion, Le Parisien], d’autres évoquaient carrément le « charisme de planche à repasser » de l'acteur [Fabien Baumann, Positif], tandis que son interprétation dans De l'eau pour les éléphants était, elle aussi, régulièrement jugée « sans saveur » [Barbara Théate, JDD]. L’une des grandes signatures de Variety, Justin Chang, ne s'est depuis pas montré beaucoup plus amène concernant le travail du jeune homme dans Bel Ami : « “Je n’avais pas idée de la profondeur de ton vide !” s’exclame un personnage dans Bel Ami, et ses mots prennent une résonance involontaire, s’adressant à Robert Pattinson dans le rôle principal. » Un film pour les besoins duquel "Handsome Rob", londonien de naissance, a dû prendre quelques cours de diction afin de… retrouver son accent britannique, selon ce qu'en a rapporté Christina Ricci
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Trop proches du romantisme commercial attaché à son image de vampire glam’ ou trop explicitement marketés pour drainer son public de fans vers d'autres salles de projo (même dans le cas de l'adaptation de Maupassant, sans doute), aucun de ces films n'a permis à l’acteur d’accomplir le pas décisif vers "l’après". Perpétuellement menacé d’être dépassé par un nouvel arrivant sur le créneau teenager (Efron, voire Bieber…), irrémédiablement associé au couple gothico-people qu’il est supposé former (en vrai) avec Kristen Stewart, Pattinson est de fait, au-delà même de ses aspirations évidentes, un peu sommé de se réinventer - ou plutôt d'être réinventé - pour survivre. Lui manque donc la fréquentation d’un auteur : Pattinson cherche son Cry-Baby ou son Edward aux mains d'argent – puisque Johnny Depp, comme Leonardo DiCaprio et Brad Pitt (dans d'autres contextes), eut également à se défaire d’une encombrante image d'icône pour midinettes.
Précisons d'emblée qu’il s’agit de survie purement "artistique" puisque le jeune Pattinson (26 ans) est à l’abri du besoin pour quelque temps, payé plus de 12 millions de dollars par épisode de Twilight (sans compter l’intéressement aux recettes) et classé deuxième acteur britannique en termes de fortune personnelle avec 32 millions de livres (derrière Daniel Radcliffe, lequel a pour sa part vu sa rente se tarir l’an passé). « En termes de carrière, Twilight était une sorte de couverture de sécurité », explique l’acteur [The Observer, 06/11/2011]. « Ou plutôt qu’une couverture, un filet de sécurité. J’avais une fenêtre de trois-quatre mois entre chaque épisode durant lesquels je pouvais faire autre chose. Mais quoi que je fasse je savais que j’avais devant moi un autre Twilight, théoriquement assuré de faire beaucoup d’argent. Donc je pouvais toujours me permettre d’échouer. Après la sortie du dernier, vous pouvez en quelque sorte échouer deux fois – et il vaut mieux qu’il s’agisse d’échecs à petit budget. Parce que si vous rencontrez l’échec avec un gros budget, vous êtes plus ou moins fini dans ce milieu. »
Objectif donc "petits" budgets, mais à forte densité et exigence artistiques. Bref, adieu (du moins dans l'immédiat) aux films de studio. Même si le phénomène Twilight a fini par lui peser de façon visible (« Je n’ai pas signé pour Disney. Rien ne stipule dans le contrat que je sois obligé de sourire aux paparazzi », et effectivement l’acteur, plus par spontanéité que par irascibilité, ne s’est jamais forcé), celui qui n’avait auparavant pas fait grand-chose de mémorable** sait tout de même ce qu’il doit à une franchise qui lui a permis d’émerger de la masse, après avoir péniblement convaincu (grâce au soutien de Catherine Hardwicke) la production du film de le choisir et manqué de voir le rôle échoir à Orlando Bloom, Hayden Christensen ou Henry Cavill. Si Twilight est devenu au fil des triomphes un boulet, c’est aussi ce genre de phénomène qui, au-delà du fait de placer un acteur en A-List aux yeux des investisseurs, peut susciter l’envie de certains démiurges (un certain David C., par exemple) de détourner l’animal people pour en faire sa créature.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Quelques citations qui permettaient (déjà) d’espérer autre chose :
« Mon ancien agent avait l’habitude de me présenter comme la version masculine de Keira Knightley. Je pensais : "Bien, qu’est-ce que cela dit de moi, exactement ? Je fais souvent la moue ou quoi ?" » [Daily Mirror, 2009]
« Le premier Twilight est une métaphore portant sur les vertus de la chasteté, mais le film a eu l’effet inverse. Je reçois des lettres qui disent "Je vais me tuer si tu ne regardes pas High School Musical 2 avec moi." C’est un peu fou. » [Rolling Stone, 2008]
« C’est comme être comparé à ces gens qui ont été dans d’énormes films et qui ont plus ou moins disparu ensuite, même s’ils ont probablement eu des vies bien remplies et pleines de succès. Comme Luke Skywalker. Putain, c’est quoi son nom déjà ? [On lui souffle]. Ah oui ! Les gens disent quelque chose comme : “oh, la malédiction Mark Hamill." Et pauvre Mark Hamill. Mon Dieu. Je veux dire, je suis sûr qu’il s’en est très bien sorti. » [The Observer, Ibid.]
S'adressant à Reese Witherspoon, lors de la remise d'un prix à cette dernière lors des MTV Movie Awards 2011: « Je ne sais pas si tout le monde est au courant, mais j'ai tourné mon premier film avec toi. Cela s'appelait Vanity fair, la foire aux vanités, et tu jouais ma mère. Ce que j'ai appris par la suite c'est que tu étais directement responsable du fait que mon rôle avait été coupé au montage final - et c'est la vérité. Sept ans plus tard, nous avons de nouveau travaillé ensemble dans un film appelé De l'eau pour les éléphants. Et cette fois tu jouais mon amante. Je ne t'ai pas fait couper. Mais je t'ai baisée. » Même Jim Carrey n'eût pas fait mieux, rayon hommage.
Chapitre 2 : Rupture
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
« C’est la première chose qu’on remarque. Il est très réfléchi et analyse les choses. Et c’est un cinéphile, vous savez ? »*, explique Bill Condon (réal' de Twilight 4) au sujet de Robert Pattinson. Et effectivement, lorsqu’on le rencontre, le jeune homme fait bonne impression : pas vraiment une star "media-trainée" débitant d'une voix monocorde un discours formaté - voir plus bas notre interview vidéo. Bref, parce qu'il avait "besoin d' une nouvelle coupe de cheveux", l’acteur opte en 2011 (et non sans avoir longuement douté de ses propres capacités) pour David Cronenberg et son adaptation à venir de Don DeLillo, Cosmopolis, dont le scénario lui était passé entre les mains un an plus tôt. Il remplace ce faisant Colin Farrell, qui vient de quitter le projet... pour tourner le remake de Total Recall (no comment). « Il [Cronenberg] ne m’a même pas fait passer une audition. Quand je lui ai demandé [pourquoi il m'avait choisi], il m’a répondu qu’il avait juste eu un feeling… Quand j’ai ajouté que je n’étais pas sûr de comprendre de quoi parlait le film, il m’a dit : "Moi non plus, c’est ce qu’on va découvrir ensemble." »**
Dès qu'apparaissent en ligne les premières images de Pattinson en néo-tycoon, le buzz prend de l'ampleur, par la grâce de l'un de ces renversements de tendance qui s'opèrent ponctuellement dans les médias : « Je fais des films depuis huit ans et on m'en met régulièrement plein la gueule », explique Pattinson, « et puis d'un seul coup, ce teaser de trente secondes est diffusé et tout le monde s'emballe. C'était ridicule ! Le genre de choses qui te font comprendre comment fonctionne l'esprit critique de certaines personnes. »
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Sélectionné à Cannes (et reparti bredouille), sorti dans les salles françaises durant le festival, Cosmopolis a divisé, recevant autant d'éloges que de sifflets (autant dire que Cronenberg doit être aux anges) ; il suffit pour s'en convaincre de se reporter aux étoiles presse ou spectateurs... voire à l'écart entre les deux. Mais, venant opportunément ouvrir une année qui verra l'acteur se libérer bientôt de la franchise Twilight, le film a clairement marqué une rupture (les médias l'ont assez matraqué), et a surtout valu à Pattinson, qui est de chaque scène, ses premières évaluations uniment laudatives de la part des critiques. Quelques exemples :
« Vingt-quatre heures dans la vie d’un spectre hantant le monde, incarné par un jeune homme fantomatique, qui, autre effet de vertige, fut vampire dans une autre vie de cinéma : Robert Pattinson de chez Twilight et désormais made in Cronenberg. Transfert hautement réussi. »[Gérard Lefort, Libération]
« [Robert Pattinson] file de Twilight à Cosmopolis avec une incroyable aisance, incarne à merveille ce mélange de jeunesse et de cruauté, de sex-appeal et de déliquescence, de désir et de mort, cette maladie de la win confinant à la pathologie morbide qui irradie ce film et emblématise notre époque. » [Serge Kaganski, Les Inrockuptibles]
« Le casting de Robert Pattinson, improbable sur le papier, relève du génie et l’acteur, stupéfiant, fait preuve d’une intelligence de jeu que l’on ne peut attribuer au seul talent du réalisateur : force est de le reconnaître, le jeune homme impressionne, imposant du début à la fin du film (il est de tous les plans) une variation bien plus morbide et effrayante du mythe qui a fait sa renommée. » [Fabien Reyre, Critikat]
Objet d'adulation pour jeunes filles en fleur, l'acteur devient du coup d'un seul la coqueluche d'une partie de la critique - attendons de voir ce qui adviendra le jour où Justin Bieber collaborera avec Tom Waits... On ignore si le public de Twilight a suivi l'acteur dans ses "évolutions cosmopolites", mais le bénéfice que ce dernier en retire en termes d'image est indiscutable. Rupture donc, même si nombreux sont les spectateurs à avoir tracé un parallèle entre le vampire Edward Cullen et le golden boy Eric Packer. De là à percevoir des liens entre l'oeuvre du cinéaste canadien et la saga, ou à esquisser une cohérence a posteriori... On laisse l'acteur franchir le pas : « Je trouve le mélange d’érotisme et de pruderie [dans Twilight] très étrange, c’est difficile à réussir et, au fond, assez cronenberguien. Les personnages n’ont pas du tout un rapport au corps heureux et gentillet ; c’est très torturé. »** Quoi qu'il en soit, l'avenir s'annonce plus conforme aux grandes espérances de l'acteur : « Tourner Cosmopolis avec Cronenberg a changé quelque chose en moi. Ça m'a donné des couilles. J'ai cinq projets sur le feu en ce moment, qui suivent la voie que m'a ouvert le film. »
Chapitre 3 : Promesses
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
« Quand j'ai obtenu ce rôle [celui d'Eric Packer dans Cosmopolis], chaque article qui sortait était titré "Le combat de R-Patz pour sa crédibilité !"; Je ne comprends pas qui a pu inventer ce truc, "R-Patz", je voudrais les étrangler. Mais une fois que vous avez franchi cette étape, la suite ne ressemblera pas à "R-Patz continue de lutter pour sa crédibilité !" Il faut arriver avec quelque chose d'autre, et puis cela devient un petit peu plus facile. »*
Et effectivement, l’horizon semble se dégager, puisque les projets de Robert Pattinson sont nettement plus alléchants que par le passé. Comme il l’avait fait pour Viggo Mortensen (cf. A History of Violence) au sortir du Seigneur des anneaux (nettement moins "stigmatisante" comme saga, certes, et avec un acteur qui avait déjà vingt-cinq ans de carrière), Cronenberg a réussi en l'espace d'un film à transfigurer son interprète, à le révéler une seconde fois. Parmi les futurs projets du jeune homme, figurent donc aujourd'hui :
Mission: Blacklist, en premier lieu ; soit la traque de Saddam Hussein filmée par le réal' (français) de Johnny Mad Dog, Jean-Stéphane Sauvaire, et emmenée par Rob. Un film que le cinéaste (et son acteur) tiennent à tourner en Irak.
Le prochain Cronenberg (qui ne devrait pas être As She Climbed Across the Table, d'après ce que l'intéressé nous a confié, et pourrait s'appeler Map To The Stars, selon certaines sources). Il s'agirait du premier film tourné par le cinéaste aux USA, une oeuvre qui devrait être "très étrange" aux dires de son interprète. Filmé à Los Angeles, il s'intéresserait à l'industrie du cinéma, et n'a pour l'instant pas de dates de tournage. A confirmer, en clair.
Rover, le deuxième long du réalisateur d'Animal Kingdom, David Michôd. Soit un Guy Pearce lancé aux trousses d'une bande ayant volé sa voiture, dans le bush australien, avec Pattinson en voleur - voire en chef de bande, cela reste à déterminer.
Autres projets : un film sur The Band, la légendaire formation avec laquelle s'est produit Bob Dylan, et un thriller dont on ne sait pas grand chose, si ce n'est que « des tas de metteurs en scène français sont sur les rangs » pour le diriger.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Pattinson s'éloigne donc des blockbusters pour un moment. Et pour la suite ? S'il réussit pleinement sa mutation et souhaite faire fructifier sa nouvelle aura à Hollywood, on peut déjà affirmer que cet amateur de comic books trouvera la porte des studios grande ouverte au cas où il souhaiterait enfiler la panoplie de super-héros - ses favoris seraient Batman, Spidey et les X-Men, et l'acteur aurait même déclaré par le passé être intéressé par le rôle de Gambit, avant que ce dernier ne fasse son apparition sous les traits de Taylor Kitsch dans le très pénible Wolverine. Une possibilité à relativiser toutefois, si l'on se fie à la réponse amusée du Britannique lors du dernier Comic Con : pourrait-il se glisser dans le costume d'un super héros ? « S'il y a une suite aux Schtroumpfs, clairement. » Côté séries, on le sait fan de Doctor Who (au point de faire part de son intérêt pour le rôle il y a quelques années) et The Wire... Qui sait ce qu'un David Simon peut en penser.
Autre hypothèse (très très) lointaine : celle de le voir un jour, qui sait, tourner pour... Michel Houellebecq (si ce dernier trouve un producteur qui accepte de financer un autre film), ou dans une adaptation de l'un de ses romans ? L'acteur apprécie tout particulièrement l'auteur des Particules élémentaires, qu'il a failli rencontrer lors de l'un de ses passages à Paris, même s'il confesse n'avoir vu aucune des adaptations de ses livres au cinéma**. En attendant, côté réalisateurs français, Pattinson vénère Jacques Audiard, aimerait tourner pour Jean-Luc Godard (comme chaque Anglo-Saxon ou presque), et regarde avec intérêt les clips de Romain Gavras. A bon entendeur...
Ajoutons enfin que, rayon modèles, la star admire la trajectoire d'un Leonardo DiCaprio (admiration plutôt pertinente dans son cas), les choix d'un Brad Pitt, le "génie"*** d'un Nicolas Cage et a pour héros personnel Jack Nicholson. Adolescent, il aurait copié la tenue et les expressions de ce dernier dans Vol au-dessus d'un nid de coucou, adoptant ensuite comme nom de scène Bobby Dupea - soit le nom du personnage de Nicholson dans Five Easy Pieces.
Sujets similaires
» Robert Pattinson face à Guy Pearce dans "The Rover"!
» Emma Thompson dans le premier film de Robert Carlyle
» Après "The Walking Dead", Robert Kirkman donne dans l'exorcisme
» Emma Thompson dans le premier film de Robert Carlyle
» Après "The Walking Dead", Robert Kirkman donne dans l'exorcisme
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum