Le cinéma de David Fincher
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Le cinéma de David Fincher
De "Seven" à "Fight Club" en passant par "The Social Network" et aujourd'hui "Millenium", il est devenu un réalisateur incontournable. Retour sur le cinéma du surdoué David Fincher. (dossier réalisé par Clément Cuyer)
Introduction
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En neuf films, l'Américain David Fincher s'est imposé comme l'un des plus grands cinéastes contemporains. Du choc Seven au culte Fight Club en passant par l'ambitieux Benjamin Button et le passionnant et terriblement dans l'air du temps The Social Network, il fait désormais partie de ceux qui comptent. Chacun de ses films fait l'événement. Et s'ils sont toujours différents, ils portent tous le style d'un artiste perfectionniste jusqu'au bout de la caméra, un surdoué dont les qualités esthétiques de mise en scène et la propension à créer une atmosphère ne cessent d'impressionner. Surtout, ces neuf films explorent des thèmes récurrents chez Fincher, comme autant d'obsessions : le combat entre le Bien et le Mal, la manipulation, la solitude et la volonté de survivre, la paranoïa... Les univers du cinéaste sont sombres et désespérés, et bien souvent le reflet de la civilisation actuelle.
La sortie de Millenium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, adaptation du best-seller phénomène de Stieg Larssonn, ne dénote pas dans la passionnante filmographie de David Fincher. Elle est l'occasion de revenir sur les films qui ont jalonné la carrière de ce génie de l'image, d'abord spécialiste des effets visuels chez George Lucas puis réalisateur de pubs et clippeur de renom. De voir comment, en quelques années, il a pris peu à peu confiance en son art, mettant de côté une certaine épate visuelle pour devenir le cinéaste (et l'auteur !) exigeant, au cinéma d'une redoutable maîtrise, d'une puissance rare, que l'on connaît aujourd'hui.
David Fincher séduit, agace, fascine, ne laisse personne indifférent. S'il est devenu incontournable dans le paysage cinématographique mondial, adoubé par ses pairs et par l'Académie des Oscars, il semble pourtant toujours un artiste rebelle, un incorruptible bien décidé à ne pas se laisser dicter sa loi et à suivre le chemin qu'il s'est lui-même fixé, même si ce chemin ne rentre pas forcément toujours dans les "schémas" hollywoodiens. C'est ce qui fait la force de David Fincher : ne pas rentrer dans le moule mais se révéler un artiste indispensable aux yeux de beaucoup, déjà culte pour certains. Action !
En images : David Fincher revient sur quelques films de sa filmographie [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
"Alien 3" (1992)
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De quoi ça parle ?
Seule survivante d'un carnage sur une planète lointaine, Ripley s'échoue sur Fiorina 161, planète oubliée de l'univers, balayée par des vents puissants. Une communauté d'une vingtaine d'hommes y vit. Violeurs, assassins, infanticides, ce sont les plus dangereux détenus de droits communs de l'univers. L'arrivée de Ripley va les confronter à un danger qui sera plus fort qu'eux.
Des débuts difficiles
Alien 3 marque le saut de David Fincher dans le grand bain du cinéma. Il s'agit de son film le moins personnel : jeune prodige issu de la pub et du vidéo-clip, nanti d'une expérience forte dans le monde des effets visuels (il a travaillé pour ILM sur Le Retour du Jedi et Indiana Jones et le Temple maudit notamment), Fincher est considéré comme un surdoué de l'image mais comme un débutant dans le 7e art. Devant la major qu'est la Fox, il n'a pas franchement la main sur le troisième volet de la célèbre saga fantastique.
Il gardera, c'est le moins qu'on puisse dire, un souvenir peu reluisant de l'expérience. Le scénario du film n'est pas fini quand le tournage débute, il est ensuite changé maintes fois en cours de production, le budget est beaucoup trop faible, et le cinéaste, qui n'a pas son mot à dire, n'a pas le final-cut, la production tournant notamment une autre fin. S'il ira jusqu'à carrément renier Alien 3, David Fincher, qui a failli quitter l'aventure dès les premiers jours de tournage, laisse tout de même sa patte (noire) sur le film, posant déjà les jalons de son oeuvre à venir.
Ils ont dit sur Fincher...
Sigourney Weaver : "Je pense qu'avec The Social Network, tout le monde a réalisé que David Fincher était l'un des plus grands cinéastes actuels. Avec Fight Club également, bien entendu. (...) Sur Alien 3, après chaque journée de tournage, à minuit, il était obligé de passer un coup de fil à la production pour défendre la journée de tournage du lendemain. On ne peut pas engager un type comme Fincher sans le laisser faire ce qu'il veut ! C'était très dur pour lui. Pour tout le monde. Je pense que le film est très bon, il en fait quelque chose de très bon. Mais c'était une vision de la Fox, pas la sienne, et ça lui a rendu les choses compliquées. C'était un film difficile à faire de manière générale, mais pour lui, ça a été encore plus dur. Son travail en était d'autant plus remarquable." (interview accordée au site shocktillyoudrop.com)
Le saviez-vous ?
David Fincher a gardé un tel mauvais souvenir de cette expérience qu'il a refusé de faire le commentaire audio du film lors de la sortie du coffret DVD Alien Quadrilogy, en 2004. Mieux, Alien 3 ne figure pas dans sa filmographie présente dans le DVD de Panic room !
"Seven" (1996)
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De quoi ça parle ?
Pour conclure sa carrière, l'inspecteur Somerset, vieux flic blasé, tombe à sept jours de la retraite sur un criminel peu ordinaire. John Doe, c'est ainsi que se fait appeler l'assassin, a decidé de nettoyer la societé des maux qui la rongent en commettant sept meurtres basés sur les sept pechés capitaux: la gourmandise, l'avarice, la paresse, l'orgueil, la luxure, l'envie et la colère.
LE thriller par David Fincher
Echaudé par l'expérience Alien 3, David Fincher est bien décidé à avoir toutes les cartes en main pour son deuxième opus. Fini les grosses majors, le cinéaste fait équipe avec la New Line, qui lui fait une entière confiance pour signer le thriller Seven. Avec un budget moindre et une totale liberté de mouvement, Fincher signe un véritable électrochoc, considéré, encore aujourd'hui, comme LA référence du film de serial-killer. Souvent copié, jamais égalé, le film est un thriller d'une noirceur totale et qui va à contre-courant des canons hollywoodiens. Pas de happy-end, une ville glauque, corrompue et innondée de pluie, un tueur en série machiavélique, un pessimisme implacable sur le monde : Fincher frappe un grand coup, décline ses thématiques et impose son style au grand public et à la profession.
Seven (320 millions de dollars de recettes dans le monde) marque en outre le début d'une fructueuse collaboration avec Brad Pitt, qu'il retrouvera pour Fight Club et Benjamin Button. Sur ce film, il noue également une relation privilégiée avec le directeur photo Darius Khondji, surdoué de l'image comme lui. Enfin, il inaugure ce qui deviendra une marque de fabrique dans ses films : un générique absolument génial, dont le contenu fait en quelque sorte office de prologue. Celui-ci est signé du groupe Nine Inch Nails, dont il retrouvera le leader Trent Reznor pour les musiques de The Social Network et Millenium.
Ils ont dit sur Fincher...
Brad Pitt : "Je pense qu'il est l'un des plus grands cinéastes actuels. Il est très fort, toujours avec la volonté de réinventer le médium cinéma. Je pense que David Fincher a pris les choses là où Stanley Kubrick les avait laissées." (interview accordée au site drivenmag.com)
Le saviez-vous ?
Il faillit arriver au cinéaste la même mésaventure que sur Alien 3 lorsque la New Line demanda à modifier la fin de Seven, particulièrement sombre. Mais elle fut finalement gardée, Fincher et Brad Pitt ayant fortement insisté auprès du studio.
"The Game" (1997)
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De quoi ça parle ?
Nicholas Van Orton, homme d'affaires avisé, reçoit le jour de son anniversaire un étrange cadeau que lui offre son frère Conrad. Il s'agit d'un jeu. Nicholas découvre peu à peu que les enjeux en sont très élevés, bien qu'il ne soit certain ni des règles, ni même de l'objectif réel. Il prend peu à peu conscience qu'il est manipulé jusque dans sa propre maison par des conspirateurs inconnus qui semblent vouloir faire voler sa vie en eclats.
Fincher le joueur
Après le succès de Seven, David Fincher surprend son monde avec The Game. Beaucoup l'attendaient sur un projet de plus grande envergure, mais le cinéaste préfère la jouer en mode modeste avec un thriller manipulateur et malin, où chaque scène est un jeu, pour lui comme pour le spectateur. Fincher prend un malin plaisir à multiplier les fausses pistes, à mettre le héros du film incarné par Michael Douglas dans les pires situations. Mais s'il est d'apparence ludique, The Game n'est est pas moins un film à plusieurs niveaux. En mettant en scène un homme antipathique, imbus de lui-même et ne s'intéressant pas aux autres, il délivre une nouvelle fois une sombre vision de la société contemporaine, impersonnelle et refermée sur elle-même, où le pouvoir et l'argent sont rois.
Noirceur du monde moderne, impossibilité à communiquer, paranoia et manipulation :
David Fincher impose de plus en plus ses thèmes de prédilection et se dévoile comme un pertinent analyste et critique de la société moderne. Si le film est un relatif échec au box-office, c'est reculer pour mieux sauter. Il est la pièce d'un puzzle (comme l'affiche du film) cohérent, une pièce majeure dans sa filmographie, qui va prendre une tournure impressionnante avec Fight Club.
Ils ont dit sur Fincher...
Michael Douglas : "J’étais un grand fan de son travail et il s’est avéré que j’avais tout à fait raison de l’être. C’est un vrai visionnaire, un des trois ou quatre réalisateurs avec qui j’ai travaillé qui ont la capacité d’avoir le film en tête dans sa globalité, de la première à la dernière scène. Etre sous la direction de quelqu’un comme David Fincher a rendu mon travail bien plus facile." (entretien avec le journaliste américain Charlie Rose pour la sortie américaine du film)
Le saviez-vous ?
Jodie Foster devait initalement jouer dans le long métrage, mais une incompatibilité d'emploi du temps empêcha cette collaboration. L'actrice retrouvera David Fincher peu de temps après pour Panic room.
"Fight Club" (1999)
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De quoi ça parle ?
Le narrateur, sans identité précise, vit seul, travaille seul, dort seul, mange seul ses plateaux-repas pour une personne comme beaucoup d'autres personnes seules qui connaissent la misère humaine, morale et sexuelle. C'est pourquoi il va devenir membre du Fight club, un lieu clandestin ou il va pouvoir retrouver sa virilité, l'échange et la communication. Ce club est dirigé par Tyler Durden, une sorte d'anarchiste entre gourou et philosophe qui prêche l'amour de son prochain.
Naissance d'un cinéaste culte
C'est avec Fight Club que David Fincher obtient véritablement ses galons de réalisateur culte. Adapté du roman de Chuck Palahniuk (et donc première adaptation de roman du cinéaste), le film, très violent, est une critique acerbe de la société de consommation en même temps qu'il délivre un message complexe avec son héros anarchiste et ses clubs de combats pour hommes. Fight Club déroute, choque ou séduit, et crée la controverse, certains critiquant une idéologie douteuse et une violence gratuite. Le scénario du film, alambiqué, manipulateur, rend évident le goût prononcé qu'à le réalisateur (c'est lui qui le dit !) à faire des films à voir plusieurs fois, afin d'en décrypter les rouages.
Le film permet à Fincher, dont la mise en scène confine ici au génie, de retrouver Brad Pitt mais surtout à Edward Norton de décrocher l'un de ses meilleurs rôles. Pour le cinéaste, Fight Club est une étape-clé. Si le film a suscité une controverse sans doute plus grande que prévue, elle lui permet en tout cas de faire résonner encore plus son nom dans les sphères hollywoodiennes et de devenir un artiste culte auprès du grand public.
Ils ont dit sur Fincher...
Edward Norton : "Il est un meilleur directeur photo que le directeur photo, un meilleur scénariste que le scénariste du film, c'est même un meilleur acteur que vous. Il est juste un technicien d'une nouvelle trempe. (...) Il va vous faire faire trente prises d'une scène sous sourciller. C'est un challenge incroyable pour un acteur, vous devez vous accrocher, dépasser vos limites. Lorsqu'il fait ressortir le meilleur de vous, ce n'est pas assez. Vous devez recommencer encore et encore pour être encore meilleur..." (interview accordée au site moviefone.com)
Le saviez-vous ?
En véritable perfectionniste, David Fincher multiplie les prises jusqu'à l'épuisement, une habitude qu'il continuera de garder tout au long de sa carrière. Au total, il aura eu besoin de quelques 1 500 bobines pour Fight Club, soit le triple d'une grosse production classique à l'époque.
"Panic Room" (2002)
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De quoi ça parle ?
Meg Altman, la trentaine, a très mal vécu la séparation avec son mari et angoisse à l'idée de devoir élever seule sa fille Sarah. Afin de commencer une nouvelle vie loin de ses craintes, Meg achète une immense et splendide maison située dans un quartier huppé à l'ouest de New York. Son ancien propriétaire y a fait construire au dernier étage une pièce de sûreté dans laquelle on peut se réfugier en cas de menace extérieure et rester enfermé de nombreux jours grâce aux provisions qu'elle contient. Cependant, Meg n'aurait jamais pensé s'en servir dès le premier soir.
L'heure de la récré
Après le bruit et la fureur occasionnés par Fight Club, David Fincher aspire à un peu de repos et décide de réaliser un film "de commande". L'occasion lui en est donné avec Panic room, un thriller en forme de huis-clos qui lui permet de se "lâcher "dans la mise en scène. Avec ce film, Fincher s'amuse comme un fou en multipliants les effets de caméras, en utilisant toutes les technologies à sa disposition. Le personnage principal du film, une maison hyper-sécurisée, lui permet de jouer avec sa caméra, qui traverse les murs, pénètres les conduits d'aération, se faufile dans les serrures. Une caméra qui devient elle aussi un protagoniste de l'intrigue et sert d'"oeil voyeur "au spectateur.
Si Panic room est un thriller hyper classique avec respect des codes du genre, s'il fait office de "récréation" dans le parcours de Fincher, il n'en garde pas moins la signature évidente du cinéaste : paranoïa, enfermement et survie, solitude... Tous ses thèmes les plus sont ici rassemblés au sein du genre, le thriller, qui lui sied le mieux.
Ils ont dit sur Fincher...
Jodie Foster : "De tous les réalisateurs avec qui j'ai collaboré, aucun n'était aussi inspiré, n'avait un syle aussi personnel, et ne laissait une empreinte aussi forte sur le film que David Fincher. Il n'y a pas une partie du film qui ne soit pas venu directement de lui." (Commentaire audio du DVD Edition Deluxz de "Panic Room")
Le saviez-vous ?
A cette époque déjà, tout le monde s'arrache David Fincher. Jodie Foster refusa ainsi la présidence du Festival de Cannes, rien que ça, pour tenir le rôle de la mère de famille prisonnière de la Panic room.
Intervieuw de David Fincher à propos de Panic room [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
"Zodiac" (2007)
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De quoi ça parle ?
Zodiac, l'insaisissable tueur en série qui sévit à la fin des années 60 et répandit la terreur dans la région de San Francisco, fut le Jack l'Eventreur de l'Amérique. Prodigue en messages cryptés, il semait les indices comme autant de cailloux blancs, et prenait un malin plaisir à narguer la presse et la police. Il s'attribua une trentaine d'assassinats, mais fit bien d'autres dégâts collatéraux parmi ceux qui le traquèrent en vain. Robert Graysmith, jeune et timide dessinateur de presse, n'avait ni l'expérience ni les relations de son brillant collègue Paul Avery, spécialiste des affaires criminelles au San Francisco Chronicle. Extérieur à l'enquête, il n'avait pas accès aux données et témoignages dont disposait le charismatique Inspecteur David Toschi et son méticuleux partenaire, l'Inspecteur William Armstrong. Le Zodiac n'en deviendrait pas moins l'affaire de sa vie, à laquelle il consacrerait dix ans d'efforts et deux ouvrages d'une vertigineuse précision...
L'enquête impossible
Avec Zodiac, David Fincher retrouve le thriller avec option serial killer, près de 10 ans après Seven. Sa maitrîse, acquise au fil des années, est ici rayonnante. Il semble le cinéaste idéal pour suivre l'enquête impossible autour du célèbre Zodiac. Il semble le cinéaste idéal pour filmer le désarroi des protagonistes devant cet insaisissable criminel, pour filmer l'absurdité bureaucratique entourant l'enquête. Il semble le cinéaste idéal pour réaliser un film de serial-killer finissant en cul-de-sac, sans résolution.
Après la fin terriblement sombre de Seven, voilà que David Fincher signe un film de serial-killer sans fin. Et pourtant, il nous tient en haleine, grâce notamment à une mise en scène impressionnante, à la volonté d'aller fouiner jusque dans les plus infimes détails de cette enquête si frustrante, et à une reconstitution quasi-maladive des années 60. Une leçon implacable.
Ils ont dit sur Fincher...
Jake Gyllenhaall : "En tant que professionnel, j’ai toujours trouvé qu’on remarque les figurants, justement comme étant figurants dans un film. Dans les films de David Fincher, il ont toujours l’air de personnes réelles. Il a quelque chose dans la manière de rendre son plateau réel, et même de rendre réels ceux qui ne jouent pas dans une scène mais sont seulement en arrière-plan ou passent dans le champ. Je pense que c’est un aspect qu’on trouve rarement dans les films des autres réalisateurs, c’est toujours ce qui m’a frappé chez lui." (extrait d'une interview accordée au cours du SBIFF 2009 David Fincher Tribute)
Le saviez-vous ?
Si David Fincher a décidé de réaliser Zodiac, c'est parce qu'il a personnellement été marqué par cette affaire culte des années 60. Enfant, il habitait ainsi dans la région des meurtres, sa voisine étant notamment l'une des policières travaillant sur l'affaire du Zodiac.
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"L'Etrange histoire de Benjamin Button" (2009)
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De quoi ça parle ?
Curieux destin que le mien..." Ainsi commence l'étrange histoire de Benjamin Button, cet homme qui naquit à 80 ans et vécut sa vie à l'envers, sans pouvoir arrêter le cours du temps. Situé à La Nouvelle-Orléans et adapté d'une nouvelle de F. Scott Fitzgerald, le film suit ses tribulations de 1918 à nos jours. L'étrange histoire de Benjamin Button : l'histoire d'un homme hors du commun. Ses rencontres et ses découvertes, ses amours, ses joies et ses drames. Et ce qui survivra toujours à l'emprise du temps...
Retour vers le futur
Pas étonnant qu'un visionnaire comme David Fincher décide de se lancer un jour dans un film aux effets spéciaux les plus avancés. C'est chose faite avec l'ambitieux long métrage L'Etrange histoire de Benjamin Button, que Steven Spielberg envisageait de mettre en scène au début des années 90. Emouvant conte fantastique sur le temps qui passe, dévoile un cinéaste plus humain, plus mélancolique, mais toujours aussi fascinant de maîtrise. Ici, à l'instar de Zodiac et comme il le fera désormais dans ses films suivants, David Fincher sait s'effacer derrière sa caméra virtuose pour raconter une histoire.
L'Etrange histoire de Benjamin Button, qui marque la troisième collaboration de David Fincher avec Brad Pitt, lui permet en outre d'obtenir la reconnaissance de ses pairs puisque le film est nommé à plusieurs reprises aux Oscars. Il permet surtout à David Fincher de montrer un autre visage, celui d'un cinéaste "un peu" plus maintream mais toujours aussi ambitieux et en dehors des sentiers balisés, capable de réunir grand public et cinéma exigeant.
Ils ont dit sur Fincher...
Brad Pitt : "J’avais eu le scénario plusieurs fois entre les mains. Mais je ne l’ai considéré comme un film qu’à partir du moment où David Fincher a dit qu’il voulait le réaliser. Je ne pensais pas que c'était quelque chose pour moi. J'avais déjà fait des films de ce type, qui n'avaient pas trop fonctionné. Et puis, avec tous ces effets, les prothèses, ça ne me semblait pas évident. C'est vraiment parce que David Fincher était aux commandes que j’ai accepté de me lancer dans l'aventure. OK, vous le connaissez pour son côté sombre, mais pour moi, David Fincher a également été un père fantastique, il est un des quelques pères de cinéma avec qui j’aime tourner." (extrait de conférence de presse)
Le saviez-vous ?
En raison de la complexité des effets spéciaux, le tournage de L'Etrange histoire de Benjamin Button a duré 150 jours. Pour la pose de ses prothèses, Brad Pitta du se soumettre à cinq heures de maquillage quotidiennes.
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"The Social Network" (2010)
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De quoi ça parle ?
Une soirée bien arrosée d'octobre 2003, Mark Zuckerberg, un étudiant qui vient de se faire plaquer par sa petite amie, pirate le système informatique de l'Université de Harvard pour créer un site, une base de données de toutes les filles du campus. Il affiche côte à côte deux photos et demande à l'utilisateur de voter pour la plus canon. Il baptise le site Facemash. Le succès est instantané : l'information se diffuse à la vitesse de l'éclair et le site devient viral, détruisant tout le système de Harvard et générant une controverse sur le campus à cause de sa misogynie. Mark est accusé d'avoir violé intentionnellement la sécurité, les droits de reproduction et le respect de la vie privée. C'est pourtant à ce moment qu'est né ce qui deviendra Facebook.
Fincher dans l'air du temps
Avec The Social Network, David Fincher réalise un film terriblement dans l'air du temps, autour de la naissance du site communautaire Facebook. On lui propose de le réaliser quelques années plus tard, mais le cinéaste refuse et se lance immédiatement dans l'aventure, pour que le film soit en prise directe avec son époque. Le résultat est brillantissime, haletant, fruit de la collaboration entre Fincher et le scénariste Aaron Sorkin (À la Maison blanche), récompensé aux Oscars pour l'occasion.
Avec The Social Network, David Fincher est au sommet de son art, sa mise en scène ne lâche pas le spectateur d'une seconde. Ici, le cinéaste ne réalise pas seulement un film sur Facebook. Il signe un film sur une époque, une fresque qui brasse tous les défauts du monde contemporains : pouvoir, argent, trahison... Un film où il impose sa patte unique en s'effaçant derrière son sujet. The Social Network par Fincher, c'est un film presque effrayant, tant il parvient, en traitant d'un site connu du monde entier, à nous renvoyer au visages les pires défauts du monde dans lequel nous vivons.
Ils ont dit sur Fincher : Jesse Eisenberg et Justin Timberlake ( [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] )
Le saviez-vous ?
Rooney Mara et Jesse Eisenberg ont dû recommencer la scène d'introduction une centaine de fois pour aboutir au résultat voulu par David Fincher. Vous avez dit perfectionniste ?
L'interview de David Fincher sur le film [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
"Millenium : les hommes qui n'aimaient pas les femmes"
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De quoi ça parle ?
Mikael Blomkvist, brillant journaliste d’investigation, est engagé par un des plus puissants industriels de Suède, Henrik Vanger, pour enquêter sur la disparition de sa nièce, Harriet, survenue des années auparavant. Vanger est convaincu qu’elle a été assassinée par un membre de sa propre famille. Lisbeth Salander, jeune femme rebelle mais enquêtrice exceptionnelle, est chargée de se renseigner sur Blomkvist, ce qui va finalement la conduire à travailler avec lui.
Fincher et son alter-ego littéraire...
David Fincher revient au genre qui a fait sa gloire, le film de serial-killer, après Seven et Zodiac. En s'attaquant au phénomène littéraire Millenium du Suédois Stieg Larsson (déjà adapté dans une version scandinave), il trouve un univers, sombre et désespéré, proche du sien. Le film, violent et dérangeant (il a même choqué Daniel Craig), semble condenser toutes les obessions du cinéaste en 2h30. Il marque ses retrouvailles avec le musicien Trent -Nine Inch Nails- Reznor, quinze mois après la musique oscarisée de The Social Network. Le film est également l'occasion d'assister à la performance exceptionnelle de la jeune Rooney Mara dans le rôle de la virtuose de l'informatique Lisbeth Salander. Une actrice que David Fincher avait dirigé deux ans auparavant pour The Social Network, et qui n'aura donc pas été dégoûté par l'exigeance du cinéaste (cf. le saviez-vous de The Social Network).
Ils ont dit sur Fincher : Daniel Craig et Rooney Mara ( [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] )
Le saviez-vous ?
Scarlett Johansson a beau être une valeur sûre du box-office, elle a tout de même été recalée de certains castings, comme celui de Millenium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes de David Fincher. Après avoir passé son audition, le réalisateur a préféré l'évincer : "Je vous le dis : le problème avec Scarlett, c’est qu’on ne peut pas s’empêcher d’attendre qu’elle enlève ses vêtements !", a déclaré le metteur en scène.
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Introduction
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En neuf films, l'Américain David Fincher s'est imposé comme l'un des plus grands cinéastes contemporains. Du choc Seven au culte Fight Club en passant par l'ambitieux Benjamin Button et le passionnant et terriblement dans l'air du temps The Social Network, il fait désormais partie de ceux qui comptent. Chacun de ses films fait l'événement. Et s'ils sont toujours différents, ils portent tous le style d'un artiste perfectionniste jusqu'au bout de la caméra, un surdoué dont les qualités esthétiques de mise en scène et la propension à créer une atmosphère ne cessent d'impressionner. Surtout, ces neuf films explorent des thèmes récurrents chez Fincher, comme autant d'obsessions : le combat entre le Bien et le Mal, la manipulation, la solitude et la volonté de survivre, la paranoïa... Les univers du cinéaste sont sombres et désespérés, et bien souvent le reflet de la civilisation actuelle.
La sortie de Millenium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, adaptation du best-seller phénomène de Stieg Larssonn, ne dénote pas dans la passionnante filmographie de David Fincher. Elle est l'occasion de revenir sur les films qui ont jalonné la carrière de ce génie de l'image, d'abord spécialiste des effets visuels chez George Lucas puis réalisateur de pubs et clippeur de renom. De voir comment, en quelques années, il a pris peu à peu confiance en son art, mettant de côté une certaine épate visuelle pour devenir le cinéaste (et l'auteur !) exigeant, au cinéma d'une redoutable maîtrise, d'une puissance rare, que l'on connaît aujourd'hui.
David Fincher séduit, agace, fascine, ne laisse personne indifférent. S'il est devenu incontournable dans le paysage cinématographique mondial, adoubé par ses pairs et par l'Académie des Oscars, il semble pourtant toujours un artiste rebelle, un incorruptible bien décidé à ne pas se laisser dicter sa loi et à suivre le chemin qu'il s'est lui-même fixé, même si ce chemin ne rentre pas forcément toujours dans les "schémas" hollywoodiens. C'est ce qui fait la force de David Fincher : ne pas rentrer dans le moule mais se révéler un artiste indispensable aux yeux de beaucoup, déjà culte pour certains. Action !
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"Alien 3" (1992)
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De quoi ça parle ?
Seule survivante d'un carnage sur une planète lointaine, Ripley s'échoue sur Fiorina 161, planète oubliée de l'univers, balayée par des vents puissants. Une communauté d'une vingtaine d'hommes y vit. Violeurs, assassins, infanticides, ce sont les plus dangereux détenus de droits communs de l'univers. L'arrivée de Ripley va les confronter à un danger qui sera plus fort qu'eux.
Des débuts difficiles
Alien 3 marque le saut de David Fincher dans le grand bain du cinéma. Il s'agit de son film le moins personnel : jeune prodige issu de la pub et du vidéo-clip, nanti d'une expérience forte dans le monde des effets visuels (il a travaillé pour ILM sur Le Retour du Jedi et Indiana Jones et le Temple maudit notamment), Fincher est considéré comme un surdoué de l'image mais comme un débutant dans le 7e art. Devant la major qu'est la Fox, il n'a pas franchement la main sur le troisième volet de la célèbre saga fantastique.
Il gardera, c'est le moins qu'on puisse dire, un souvenir peu reluisant de l'expérience. Le scénario du film n'est pas fini quand le tournage débute, il est ensuite changé maintes fois en cours de production, le budget est beaucoup trop faible, et le cinéaste, qui n'a pas son mot à dire, n'a pas le final-cut, la production tournant notamment une autre fin. S'il ira jusqu'à carrément renier Alien 3, David Fincher, qui a failli quitter l'aventure dès les premiers jours de tournage, laisse tout de même sa patte (noire) sur le film, posant déjà les jalons de son oeuvre à venir.
Ils ont dit sur Fincher...
Sigourney Weaver : "Je pense qu'avec The Social Network, tout le monde a réalisé que David Fincher était l'un des plus grands cinéastes actuels. Avec Fight Club également, bien entendu. (...) Sur Alien 3, après chaque journée de tournage, à minuit, il était obligé de passer un coup de fil à la production pour défendre la journée de tournage du lendemain. On ne peut pas engager un type comme Fincher sans le laisser faire ce qu'il veut ! C'était très dur pour lui. Pour tout le monde. Je pense que le film est très bon, il en fait quelque chose de très bon. Mais c'était une vision de la Fox, pas la sienne, et ça lui a rendu les choses compliquées. C'était un film difficile à faire de manière générale, mais pour lui, ça a été encore plus dur. Son travail en était d'autant plus remarquable." (interview accordée au site shocktillyoudrop.com)
Le saviez-vous ?
David Fincher a gardé un tel mauvais souvenir de cette expérience qu'il a refusé de faire le commentaire audio du film lors de la sortie du coffret DVD Alien Quadrilogy, en 2004. Mieux, Alien 3 ne figure pas dans sa filmographie présente dans le DVD de Panic room !
"Seven" (1996)
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Pour conclure sa carrière, l'inspecteur Somerset, vieux flic blasé, tombe à sept jours de la retraite sur un criminel peu ordinaire. John Doe, c'est ainsi que se fait appeler l'assassin, a decidé de nettoyer la societé des maux qui la rongent en commettant sept meurtres basés sur les sept pechés capitaux: la gourmandise, l'avarice, la paresse, l'orgueil, la luxure, l'envie et la colère.
LE thriller par David Fincher
Echaudé par l'expérience Alien 3, David Fincher est bien décidé à avoir toutes les cartes en main pour son deuxième opus. Fini les grosses majors, le cinéaste fait équipe avec la New Line, qui lui fait une entière confiance pour signer le thriller Seven. Avec un budget moindre et une totale liberté de mouvement, Fincher signe un véritable électrochoc, considéré, encore aujourd'hui, comme LA référence du film de serial-killer. Souvent copié, jamais égalé, le film est un thriller d'une noirceur totale et qui va à contre-courant des canons hollywoodiens. Pas de happy-end, une ville glauque, corrompue et innondée de pluie, un tueur en série machiavélique, un pessimisme implacable sur le monde : Fincher frappe un grand coup, décline ses thématiques et impose son style au grand public et à la profession.
Seven (320 millions de dollars de recettes dans le monde) marque en outre le début d'une fructueuse collaboration avec Brad Pitt, qu'il retrouvera pour Fight Club et Benjamin Button. Sur ce film, il noue également une relation privilégiée avec le directeur photo Darius Khondji, surdoué de l'image comme lui. Enfin, il inaugure ce qui deviendra une marque de fabrique dans ses films : un générique absolument génial, dont le contenu fait en quelque sorte office de prologue. Celui-ci est signé du groupe Nine Inch Nails, dont il retrouvera le leader Trent Reznor pour les musiques de The Social Network et Millenium.
Ils ont dit sur Fincher...
Brad Pitt : "Je pense qu'il est l'un des plus grands cinéastes actuels. Il est très fort, toujours avec la volonté de réinventer le médium cinéma. Je pense que David Fincher a pris les choses là où Stanley Kubrick les avait laissées." (interview accordée au site drivenmag.com)
Le saviez-vous ?
Il faillit arriver au cinéaste la même mésaventure que sur Alien 3 lorsque la New Line demanda à modifier la fin de Seven, particulièrement sombre. Mais elle fut finalement gardée, Fincher et Brad Pitt ayant fortement insisté auprès du studio.
"The Game" (1997)
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De quoi ça parle ?
Nicholas Van Orton, homme d'affaires avisé, reçoit le jour de son anniversaire un étrange cadeau que lui offre son frère Conrad. Il s'agit d'un jeu. Nicholas découvre peu à peu que les enjeux en sont très élevés, bien qu'il ne soit certain ni des règles, ni même de l'objectif réel. Il prend peu à peu conscience qu'il est manipulé jusque dans sa propre maison par des conspirateurs inconnus qui semblent vouloir faire voler sa vie en eclats.
Fincher le joueur
Après le succès de Seven, David Fincher surprend son monde avec The Game. Beaucoup l'attendaient sur un projet de plus grande envergure, mais le cinéaste préfère la jouer en mode modeste avec un thriller manipulateur et malin, où chaque scène est un jeu, pour lui comme pour le spectateur. Fincher prend un malin plaisir à multiplier les fausses pistes, à mettre le héros du film incarné par Michael Douglas dans les pires situations. Mais s'il est d'apparence ludique, The Game n'est est pas moins un film à plusieurs niveaux. En mettant en scène un homme antipathique, imbus de lui-même et ne s'intéressant pas aux autres, il délivre une nouvelle fois une sombre vision de la société contemporaine, impersonnelle et refermée sur elle-même, où le pouvoir et l'argent sont rois.
Noirceur du monde moderne, impossibilité à communiquer, paranoia et manipulation :
David Fincher impose de plus en plus ses thèmes de prédilection et se dévoile comme un pertinent analyste et critique de la société moderne. Si le film est un relatif échec au box-office, c'est reculer pour mieux sauter. Il est la pièce d'un puzzle (comme l'affiche du film) cohérent, une pièce majeure dans sa filmographie, qui va prendre une tournure impressionnante avec Fight Club.
Ils ont dit sur Fincher...
Michael Douglas : "J’étais un grand fan de son travail et il s’est avéré que j’avais tout à fait raison de l’être. C’est un vrai visionnaire, un des trois ou quatre réalisateurs avec qui j’ai travaillé qui ont la capacité d’avoir le film en tête dans sa globalité, de la première à la dernière scène. Etre sous la direction de quelqu’un comme David Fincher a rendu mon travail bien plus facile." (entretien avec le journaliste américain Charlie Rose pour la sortie américaine du film)
Le saviez-vous ?
Jodie Foster devait initalement jouer dans le long métrage, mais une incompatibilité d'emploi du temps empêcha cette collaboration. L'actrice retrouvera David Fincher peu de temps après pour Panic room.
"Fight Club" (1999)
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De quoi ça parle ?
Le narrateur, sans identité précise, vit seul, travaille seul, dort seul, mange seul ses plateaux-repas pour une personne comme beaucoup d'autres personnes seules qui connaissent la misère humaine, morale et sexuelle. C'est pourquoi il va devenir membre du Fight club, un lieu clandestin ou il va pouvoir retrouver sa virilité, l'échange et la communication. Ce club est dirigé par Tyler Durden, une sorte d'anarchiste entre gourou et philosophe qui prêche l'amour de son prochain.
Naissance d'un cinéaste culte
C'est avec Fight Club que David Fincher obtient véritablement ses galons de réalisateur culte. Adapté du roman de Chuck Palahniuk (et donc première adaptation de roman du cinéaste), le film, très violent, est une critique acerbe de la société de consommation en même temps qu'il délivre un message complexe avec son héros anarchiste et ses clubs de combats pour hommes. Fight Club déroute, choque ou séduit, et crée la controverse, certains critiquant une idéologie douteuse et une violence gratuite. Le scénario du film, alambiqué, manipulateur, rend évident le goût prononcé qu'à le réalisateur (c'est lui qui le dit !) à faire des films à voir plusieurs fois, afin d'en décrypter les rouages.
Le film permet à Fincher, dont la mise en scène confine ici au génie, de retrouver Brad Pitt mais surtout à Edward Norton de décrocher l'un de ses meilleurs rôles. Pour le cinéaste, Fight Club est une étape-clé. Si le film a suscité une controverse sans doute plus grande que prévue, elle lui permet en tout cas de faire résonner encore plus son nom dans les sphères hollywoodiennes et de devenir un artiste culte auprès du grand public.
Ils ont dit sur Fincher...
Edward Norton : "Il est un meilleur directeur photo que le directeur photo, un meilleur scénariste que le scénariste du film, c'est même un meilleur acteur que vous. Il est juste un technicien d'une nouvelle trempe. (...) Il va vous faire faire trente prises d'une scène sous sourciller. C'est un challenge incroyable pour un acteur, vous devez vous accrocher, dépasser vos limites. Lorsqu'il fait ressortir le meilleur de vous, ce n'est pas assez. Vous devez recommencer encore et encore pour être encore meilleur..." (interview accordée au site moviefone.com)
Le saviez-vous ?
En véritable perfectionniste, David Fincher multiplie les prises jusqu'à l'épuisement, une habitude qu'il continuera de garder tout au long de sa carrière. Au total, il aura eu besoin de quelques 1 500 bobines pour Fight Club, soit le triple d'une grosse production classique à l'époque.
"Panic Room" (2002)
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De quoi ça parle ?
Meg Altman, la trentaine, a très mal vécu la séparation avec son mari et angoisse à l'idée de devoir élever seule sa fille Sarah. Afin de commencer une nouvelle vie loin de ses craintes, Meg achète une immense et splendide maison située dans un quartier huppé à l'ouest de New York. Son ancien propriétaire y a fait construire au dernier étage une pièce de sûreté dans laquelle on peut se réfugier en cas de menace extérieure et rester enfermé de nombreux jours grâce aux provisions qu'elle contient. Cependant, Meg n'aurait jamais pensé s'en servir dès le premier soir.
L'heure de la récré
Après le bruit et la fureur occasionnés par Fight Club, David Fincher aspire à un peu de repos et décide de réaliser un film "de commande". L'occasion lui en est donné avec Panic room, un thriller en forme de huis-clos qui lui permet de se "lâcher "dans la mise en scène. Avec ce film, Fincher s'amuse comme un fou en multipliants les effets de caméras, en utilisant toutes les technologies à sa disposition. Le personnage principal du film, une maison hyper-sécurisée, lui permet de jouer avec sa caméra, qui traverse les murs, pénètres les conduits d'aération, se faufile dans les serrures. Une caméra qui devient elle aussi un protagoniste de l'intrigue et sert d'"oeil voyeur "au spectateur.
Si Panic room est un thriller hyper classique avec respect des codes du genre, s'il fait office de "récréation" dans le parcours de Fincher, il n'en garde pas moins la signature évidente du cinéaste : paranoïa, enfermement et survie, solitude... Tous ses thèmes les plus sont ici rassemblés au sein du genre, le thriller, qui lui sied le mieux.
Ils ont dit sur Fincher...
Jodie Foster : "De tous les réalisateurs avec qui j'ai collaboré, aucun n'était aussi inspiré, n'avait un syle aussi personnel, et ne laissait une empreinte aussi forte sur le film que David Fincher. Il n'y a pas une partie du film qui ne soit pas venu directement de lui." (Commentaire audio du DVD Edition Deluxz de "Panic Room")
Le saviez-vous ?
A cette époque déjà, tout le monde s'arrache David Fincher. Jodie Foster refusa ainsi la présidence du Festival de Cannes, rien que ça, pour tenir le rôle de la mère de famille prisonnière de la Panic room.
Intervieuw de David Fincher à propos de Panic room [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
"Zodiac" (2007)
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De quoi ça parle ?
Zodiac, l'insaisissable tueur en série qui sévit à la fin des années 60 et répandit la terreur dans la région de San Francisco, fut le Jack l'Eventreur de l'Amérique. Prodigue en messages cryptés, il semait les indices comme autant de cailloux blancs, et prenait un malin plaisir à narguer la presse et la police. Il s'attribua une trentaine d'assassinats, mais fit bien d'autres dégâts collatéraux parmi ceux qui le traquèrent en vain. Robert Graysmith, jeune et timide dessinateur de presse, n'avait ni l'expérience ni les relations de son brillant collègue Paul Avery, spécialiste des affaires criminelles au San Francisco Chronicle. Extérieur à l'enquête, il n'avait pas accès aux données et témoignages dont disposait le charismatique Inspecteur David Toschi et son méticuleux partenaire, l'Inspecteur William Armstrong. Le Zodiac n'en deviendrait pas moins l'affaire de sa vie, à laquelle il consacrerait dix ans d'efforts et deux ouvrages d'une vertigineuse précision...
L'enquête impossible
Avec Zodiac, David Fincher retrouve le thriller avec option serial killer, près de 10 ans après Seven. Sa maitrîse, acquise au fil des années, est ici rayonnante. Il semble le cinéaste idéal pour suivre l'enquête impossible autour du célèbre Zodiac. Il semble le cinéaste idéal pour filmer le désarroi des protagonistes devant cet insaisissable criminel, pour filmer l'absurdité bureaucratique entourant l'enquête. Il semble le cinéaste idéal pour réaliser un film de serial-killer finissant en cul-de-sac, sans résolution.
Après la fin terriblement sombre de Seven, voilà que David Fincher signe un film de serial-killer sans fin. Et pourtant, il nous tient en haleine, grâce notamment à une mise en scène impressionnante, à la volonté d'aller fouiner jusque dans les plus infimes détails de cette enquête si frustrante, et à une reconstitution quasi-maladive des années 60. Une leçon implacable.
Ils ont dit sur Fincher...
Jake Gyllenhaall : "En tant que professionnel, j’ai toujours trouvé qu’on remarque les figurants, justement comme étant figurants dans un film. Dans les films de David Fincher, il ont toujours l’air de personnes réelles. Il a quelque chose dans la manière de rendre son plateau réel, et même de rendre réels ceux qui ne jouent pas dans une scène mais sont seulement en arrière-plan ou passent dans le champ. Je pense que c’est un aspect qu’on trouve rarement dans les films des autres réalisateurs, c’est toujours ce qui m’a frappé chez lui." (extrait d'une interview accordée au cours du SBIFF 2009 David Fincher Tribute)
Le saviez-vous ?
Si David Fincher a décidé de réaliser Zodiac, c'est parce qu'il a personnellement été marqué par cette affaire culte des années 60. Enfant, il habitait ainsi dans la région des meurtres, sa voisine étant notamment l'une des policières travaillant sur l'affaire du Zodiac.
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"L'Etrange histoire de Benjamin Button" (2009)
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De quoi ça parle ?
Curieux destin que le mien..." Ainsi commence l'étrange histoire de Benjamin Button, cet homme qui naquit à 80 ans et vécut sa vie à l'envers, sans pouvoir arrêter le cours du temps. Situé à La Nouvelle-Orléans et adapté d'une nouvelle de F. Scott Fitzgerald, le film suit ses tribulations de 1918 à nos jours. L'étrange histoire de Benjamin Button : l'histoire d'un homme hors du commun. Ses rencontres et ses découvertes, ses amours, ses joies et ses drames. Et ce qui survivra toujours à l'emprise du temps...
Retour vers le futur
Pas étonnant qu'un visionnaire comme David Fincher décide de se lancer un jour dans un film aux effets spéciaux les plus avancés. C'est chose faite avec l'ambitieux long métrage L'Etrange histoire de Benjamin Button, que Steven Spielberg envisageait de mettre en scène au début des années 90. Emouvant conte fantastique sur le temps qui passe, dévoile un cinéaste plus humain, plus mélancolique, mais toujours aussi fascinant de maîtrise. Ici, à l'instar de Zodiac et comme il le fera désormais dans ses films suivants, David Fincher sait s'effacer derrière sa caméra virtuose pour raconter une histoire.
L'Etrange histoire de Benjamin Button, qui marque la troisième collaboration de David Fincher avec Brad Pitt, lui permet en outre d'obtenir la reconnaissance de ses pairs puisque le film est nommé à plusieurs reprises aux Oscars. Il permet surtout à David Fincher de montrer un autre visage, celui d'un cinéaste "un peu" plus maintream mais toujours aussi ambitieux et en dehors des sentiers balisés, capable de réunir grand public et cinéma exigeant.
Ils ont dit sur Fincher...
Brad Pitt : "J’avais eu le scénario plusieurs fois entre les mains. Mais je ne l’ai considéré comme un film qu’à partir du moment où David Fincher a dit qu’il voulait le réaliser. Je ne pensais pas que c'était quelque chose pour moi. J'avais déjà fait des films de ce type, qui n'avaient pas trop fonctionné. Et puis, avec tous ces effets, les prothèses, ça ne me semblait pas évident. C'est vraiment parce que David Fincher était aux commandes que j’ai accepté de me lancer dans l'aventure. OK, vous le connaissez pour son côté sombre, mais pour moi, David Fincher a également été un père fantastique, il est un des quelques pères de cinéma avec qui j’aime tourner." (extrait de conférence de presse)
Le saviez-vous ?
En raison de la complexité des effets spéciaux, le tournage de L'Etrange histoire de Benjamin Button a duré 150 jours. Pour la pose de ses prothèses, Brad Pitta du se soumettre à cinq heures de maquillage quotidiennes.
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"The Social Network" (2010)
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De quoi ça parle ?
Une soirée bien arrosée d'octobre 2003, Mark Zuckerberg, un étudiant qui vient de se faire plaquer par sa petite amie, pirate le système informatique de l'Université de Harvard pour créer un site, une base de données de toutes les filles du campus. Il affiche côte à côte deux photos et demande à l'utilisateur de voter pour la plus canon. Il baptise le site Facemash. Le succès est instantané : l'information se diffuse à la vitesse de l'éclair et le site devient viral, détruisant tout le système de Harvard et générant une controverse sur le campus à cause de sa misogynie. Mark est accusé d'avoir violé intentionnellement la sécurité, les droits de reproduction et le respect de la vie privée. C'est pourtant à ce moment qu'est né ce qui deviendra Facebook.
Fincher dans l'air du temps
Avec The Social Network, David Fincher réalise un film terriblement dans l'air du temps, autour de la naissance du site communautaire Facebook. On lui propose de le réaliser quelques années plus tard, mais le cinéaste refuse et se lance immédiatement dans l'aventure, pour que le film soit en prise directe avec son époque. Le résultat est brillantissime, haletant, fruit de la collaboration entre Fincher et le scénariste Aaron Sorkin (À la Maison blanche), récompensé aux Oscars pour l'occasion.
Avec The Social Network, David Fincher est au sommet de son art, sa mise en scène ne lâche pas le spectateur d'une seconde. Ici, le cinéaste ne réalise pas seulement un film sur Facebook. Il signe un film sur une époque, une fresque qui brasse tous les défauts du monde contemporains : pouvoir, argent, trahison... Un film où il impose sa patte unique en s'effaçant derrière son sujet. The Social Network par Fincher, c'est un film presque effrayant, tant il parvient, en traitant d'un site connu du monde entier, à nous renvoyer au visages les pires défauts du monde dans lequel nous vivons.
Ils ont dit sur Fincher : Jesse Eisenberg et Justin Timberlake ( [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] )
Le saviez-vous ?
Rooney Mara et Jesse Eisenberg ont dû recommencer la scène d'introduction une centaine de fois pour aboutir au résultat voulu par David Fincher. Vous avez dit perfectionniste ?
L'interview de David Fincher sur le film [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
"Millenium : les hommes qui n'aimaient pas les femmes"
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De quoi ça parle ?
Mikael Blomkvist, brillant journaliste d’investigation, est engagé par un des plus puissants industriels de Suède, Henrik Vanger, pour enquêter sur la disparition de sa nièce, Harriet, survenue des années auparavant. Vanger est convaincu qu’elle a été assassinée par un membre de sa propre famille. Lisbeth Salander, jeune femme rebelle mais enquêtrice exceptionnelle, est chargée de se renseigner sur Blomkvist, ce qui va finalement la conduire à travailler avec lui.
Fincher et son alter-ego littéraire...
David Fincher revient au genre qui a fait sa gloire, le film de serial-killer, après Seven et Zodiac. En s'attaquant au phénomène littéraire Millenium du Suédois Stieg Larsson (déjà adapté dans une version scandinave), il trouve un univers, sombre et désespéré, proche du sien. Le film, violent et dérangeant (il a même choqué Daniel Craig), semble condenser toutes les obessions du cinéaste en 2h30. Il marque ses retrouvailles avec le musicien Trent -Nine Inch Nails- Reznor, quinze mois après la musique oscarisée de The Social Network. Le film est également l'occasion d'assister à la performance exceptionnelle de la jeune Rooney Mara dans le rôle de la virtuose de l'informatique Lisbeth Salander. Une actrice que David Fincher avait dirigé deux ans auparavant pour The Social Network, et qui n'aura donc pas été dégoûté par l'exigeance du cinéaste (cf. le saviez-vous de The Social Network).
Ils ont dit sur Fincher : Daniel Craig et Rooney Mara ( [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] )
Le saviez-vous ?
Scarlett Johansson a beau être une valeur sûre du box-office, elle a tout de même été recalée de certains castings, comme celui de Millenium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes de David Fincher. Après avoir passé son audition, le réalisateur a préféré l'évincer : "Je vous le dis : le problème avec Scarlett, c’est qu’on ne peut pas s’empêcher d’attendre qu’elle enlève ses vêtements !", a déclaré le metteur en scène.
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