"Né un... 3 juillet" : les Trente Glorieuses de Tom Cruise en 15 films
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"Né un... 3 juillet" : les Trente Glorieuses de Tom Cruise en 15 films
Il est au sommet depuis trois décennies et n’a jamais reçu d’Oscar. Il est scientologue, casse-cou et endure les rumeurs les plus glauques sans jamais se départir de son sourire ultrabrite. Il a tourné pour les plus grands, enterré plus d'un concurrent, mais a attendu des années avant que la critique reconnaisse son talent. Tom Cruise fête ses 50 ans ce 3 juillet : retour en quinze films sur une trajectoire (et une filmographie) hors normes...
Alexis Geng
"Risky Business" (1983)
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Le film de la révélation pour le juvénile Tom Cruise (20 ans lors du tournage), qui s’était jusque-là contenté d’apparitions chez Zeffirelli (Un Amour infini), Harold Becker (Taps), Coppola (Outsiders et sa brochette de stars en herbe) et Curtis Hanson (American Teenagers). Ce teenage movie à forte charge sociale/satirique, dans lequel il campe un lycéen des banlieues bourgeoises qui profite de l’absence parentale pour s’affranchir des interdits (via la très suave call girl interprétée par Rebecca De Mornay), est devenu depuis l'un des mètres-étalons du genre, trois ans avant La Folle journée de Ferris Bueller (emmené lui par Matthew Broderick, l’un de ces concurrents des eighties - cf. aussi War Games - que Cruise a plus ou moins laissé sur le bord de la route).
Sorti aux USA à l’été 1983, Risky Business se révèle une affaire plus florissante que risquée puisqu'il rapporte plus de dix fois sa mise (63 millions de dollars de recettes US pour 6 de budget), lançant véritablement la carrière de sa jeune star. Mieux : très bien accueilli par la critique, le film inscrit l’impétrant dans la mémoire des spectateurs grâce notamment à la scène, en grande partie improvisée, de danse en slip-chaussettes-chemise . Tom Cruise n’est pourtant pas passé loin de manquer l’opportunité, puisqu’outre Nicolas Cage et Tom Hanks, auditionnés pour le rôle, il comptait parmi ses concurrents Timothy Hutton, son partenaire de Taps (dans lequel jouait également Sean Penn, qui fait ici un bref caméo). Le voici néanmoins sacré roi des teenagers, et figurant désormais en bonne place sur les tablettes des producteurs hollywoodiens.
"Top Gun" (1986)
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Et Tom Cruise devint Top Cruise… Si Risky Business a lancé l'acteur, Top Gun le consacre star mondiale. Le film de Tony Scott, produit par le tandem infernal Don Simpson-Jerry Bruckheimer (les véritables auteurs du film), est d’ailleurs au moins aussi important pour l’histoire de l’industrie hollywoodienne que pour la carrière de l'acteur ; et de fait, aussi adulé que honni, il a suscité quelques débats de fond, sorte de date-clé marquant pour certains le début de la fin et l'entrée dans une ère de toute-puissance du cinéma de divertissement (au sens pas trop noble), révélant pour d’autres (et souvent a posteriori) le talent de formaliste du plus jeune des frères Scott, qui mettra vingt ans à obtenir la reconnaissance de la critique. Celui-ci retrouvera Tom Cruise (et le duo Simpson-Bruckheimer) pour Jours de tonnerre, sorte de Top Gun sur piste qui permit à l’acteur de rencontrer Nicole Kidman.
En 1986, Top Gun écrase le box-office mondial avec 350 millions de dollars de recettes* (pour un budget de production annoncé à 15 millions), Take My Breath Away règne sur les charts, le couple Tom Cruise-Kelly McGillis (5 ans et 8 centimètres de plus que son partenaire masculin) inspire les amoureux un peu comme Rudi Völler les coiffeurs. Enchaînant ce tournage juste après celui de Legend (réalisé par l’aîné des Scott, Ridley), Tom Cruise prête son 1m70 à l’inoubliable "Maverick", tête brûlée de l’aéronavale US, équipé tout de même de quelques "rehausseurs" pour ne pas faire trop nabot à côté de McGillis, dans ce qui reste pour Sid/Quentin Tarantino (cf. Sleep With Me) un must du cinéma crypto-gay (voir en images ci-dessous), doté de scènes de combats aériens si convaincantes que l’armée et la TV chinoises n’hésitèrent pas (en 2011 !) à piocher dedans (voir le détail de "l'affaire" ici)...
De nouveau, la liste des acteurs qui auraient loupé le coche, laissant le champ libre à Tom Cruise, est impressionnante : Patrick Swayze, Emilio Estevez, Nicolas Cage, John Cusack, Matthew Broderick, Sean Penn, Michael J. Fox, Tom Hanks, Jim Carrey, Rob Lowe, Eric Stoltz (lequel jouera d'ailleurs dans Sleep With Me), John Travolta, Scott Baio, Robert Downey Jr. ou Charlie Sheen - même si, d’une certaine manière, ce dernier se rattrapera avec la parodie Hot Shots !. Il fut très tôt question de donner une suite à ce triomphe (Hollywood était déjà Hollywood), mais, notamment en raison des exigences financières de Cruise, cette idée fut pratiquement abandonnée durant deux décennies, avant de ressurgir avec plus de vigueur ces derniers temps (voir la dernière news), et un Tony Scott prêt à reprendre les manettes. Il faut dire que le réalisateur est accoutumé aux interruptions, puisqu'il fut officiellement viré trois fois en cours de tournage. Dans la même veine, rappelons qu'il dirigea dans Top Gun un Val "Iceman" Kilmer obligé par contrat de tourner le film, et pas excessivement enthousiaste donc.
"La Couleur de l’argent" (1986)
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La Couleur de l'argent n'est peut-être pas un grand Scorsese, mais il offrit tout de même à Tom Cruise, outre un premier rôle chez un auteur d'exception avant ses 25 ans, la chance de côtoyer la légende Paul Newman, dans un film où ce dernier reprend son rôle de L'Arnaqueur, un peu plus de… 25 ans plus tard. Le duo fonctionne honorablement au box-office (52 millions de dollars de recettes US, pour un peu moins de 14 de budget*), et vaudra surtout son seul et unique Oscar du meilleur acteur à Newman - qui ne viendra pas le chercher.
Tom Cruise, seul membre du trio qu’il forme avec son aîné et Mary Elizabeth Mastrantonio à ne pas être nommé aux Oscars (une désillusion qui en annonce d’autres), recroise au passage Bruce A. Young (le travesti de Risky Business), sur le plateau d’un tournage durant lequel il tâche d’accomplir lui-même les prouesses de son personnage. Il exécute ainsi tous les coups de billard à l’exception d’un seul (un "saut au-dessus de deux boules", en langage profane), opéré par un pro… pour la bonne et simple raison que Martin Scorsese, qui eût certes pu laisser Tom Cruise prendre deux jours pour apprendre le coup en question, se refusa à retarder la production.
"Cocktail" (1988)
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Romance kitsch et assez tarte multi-diffusée à la télé, Cocktail figure ici moins pour sa qualité cinématographique que parce qu’il a en définitive offert un rôle relativement "iconique" à Tom Cruise, devenu pour l’occasion roi du jonglage en milieu éthylique - un genre de Top Gun du comptoir. Dirigé par le yes man Roger Donaldson (qui sévit toujours avec plus ou moins de succès), le film a excellemment marché, puisque doté d’un budget de 11 millions de dollars il en rapporta pas moins de 171 à travers le monde*.
Cocktail, "divertissement" rehaussé par la présence de la délicieuse Elisabeth Shue mais (on le répète) archétype du nanar eighties, remporta d’ailleurs les Razzie Awards du pire film et du pire scénario, tandis que Tom Cruise était nommé au titre d’acteur. Pour résumer le paradoxe que constitue ce film que tout le monde aurait dû oublier et dont tout le monde se souvient, sachez qu’il est listé parmi les "100 Most Enjoyably Bad Movies Ever Made" (les "100 films les plus agréablement mauvais jamais tournés") par le Official Razzie Movie Guide. Cerise sur la framboise, l’affiche US du film avait hérité d’une tagline plutôt gratinée : « When he pours, he reigns »...
"Rain Man" (1988)
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Immense succès mondial (plus de 350 millions de dollars engrangés malgré des débuts poussifs, pour 25 millions de budget*) couronné par quatre Oscars, classique copié, cité, détourné à de multiples reprises depuis (bref, véritable objet de culture populaire), Rain Man représente paradoxalement pour Tom Cruise une expérience mitigée : il y joue en quelque sorte le clown blanc, faire-valoir (au départ assez antipathique) de Dustin Hoffman, presque placé en position de spectateur de ce dernier alors même que l’histoire repose sur la paire qu’il forme avec son aîné.
Si la spectaculaire performance d’Hoffman lui permet de "dévorer" son jeune partenaire, celle de Cruise est d’autant plus méritoire qu’elle doit se faire en sourdine - en somme, il n'a pas le beau rôle. Le cadet est du reste injustement boudé lors d’une cérémonie des Oscars qui distingue le (producteur du) film, son réalisateur (Barry Levinson), Dustin Hoffman et les scénaristes… Bref tout le monde, sauf Tom Cruise - sans doute la rançon du succès. Illustration récente de ce type de phénomène, en 2003 Gangs of New York s’était retrouvé avec dix nominations (zéro oscar au final), et aucune pour Leonardo DiCaprio, largement éclipsé par Daniel Day-Lewis.
Pour mémoire (et son héros en a à revendre), Rain Man était au départ écrit pour les frères Quaid (Randy et Dennis). Arriva ensuite Dustin Hoffman, qui devait jouer le rôle de Charlie, mais obtint en définitive celui de Raymond, personnage qu'il fit passer du retard mental (première version de l'histoire) à l’autisme génial. En recevant son Oscar (le deuxième), Hoffman n’oublia pas de saluer son vieil ami Gene Hackman, nommé lui pour Mississippi Burning, ainsi que ses autres concurrents… mais omis de mentionner nommément son partenaire à l’écran (voir ici). Double consolation pour Tom Cruise : donner la réplique à un futur oscarisé (pour la deuxième fois après La Couleur de l'argent), c'est un peu comme réaliser une passe décisive. Et puis les Ray-Ban qu'il porte dans le film auraient ensuite connu une forte progression de leurs ventes...
"Né un 4 juillet" (1989)
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C’était donc partie remise : boudé jusque-là par l’Académie, Tom Cruise décroche grâce au deuxième volet de la (future) trilogie vietnamienne d’Oliver Stone sa première nomination à l’Oscar du meilleur acteur. Pas illogique dans la mesure où, après avoir joué les jeunes premiers, il trouve ici son premier vrai "rôle à Oscar" - celui d'un vétéran paralytique du Viêtnam. Manque de pot, il n’obtiendra que le Golden Globe, laissant la statuette à Daniel Day-Lewis – My Left Foot, autre grand numéro de paralytique.
Si Charlie Sheen, un temps envisagé pour le rôle principal (Tom Cruise hérita plus ou moins de ce dernier à défaut de pouvoir obtenir celui de Wall Street, tenu par le même Sheen, l’un de ses concurrents à l’époque), n’est pas de l’aventure, pas moins de onze acteurs de Platoon (en incluant les cameos d’Oliver Stone) apparaissent dans ce film, en tête desquels Willem Dafoe et Tom Berenger. Une nouvelle fois, le film est remarquablement bien accueilli par le public, avec 161 millions de dollars de recettes monde pour un budget de production de 14 millions*. Bankable et nommé à l’Oscar avant ses 30 ans : les choses prennent indéniablement tournure.
"Entretien avec un vampire" (1994)
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On enjambe certains films qui auraient pu être mentionnés plus longuement (La Firme ou Des hommes d'honneur rayon succès, Horizons lointains, un échec, et Jours de tonnerre dans l'entre-deux) pour en venir au premier rôle de "méchant" - même si les choses sont un peu plus compliquées que cela - de l’acteur dans l’adaptation d’Anne Rice par Neil Jordan : quoi qu'on pense de cette dernière, au tour de Tom Cruise de voler la vedette aux autres, puisque sa charismatique composition de Lestat écrase le film, au générique duquel on retrouvait pourtant une brochette de belles gueules en pleine ascension (Brad Pitt, Antonio Banderas, Christian Slater, ce dernier venant remplacer le regretté River Phoenix). A tel point que Brad Pitt a depuis confié (à Entertainment Weekly) qu’il gardait un souvenir exécrable du tournage, entre autres parce qu’il y joua les seconds couteaux (« the bitch role » par rapport à Cruise, selon sa formule plutôt directe). « [Dans le scénario,] pour moi, il n’y avait juste rien à faire – juste à s’asseoir et regarder Tom Cruise. Il avait toute cette pression sur lui pour que ça fonctionne, et il a permis que ça fonctionne – tant mieux pour lui. » On relèvera l’hommage derrière l'évocation un brin amère. Le film valut d'ailleurs aux deux acteurs le Razzie du pire couple...
Côté chiffres, Entretien marche fort avec 223 millions de recettes à travers le monde pour 60 de budget*. Tom Cruise est ainsi doublement payé des longues heures passées au maquillage, d’autant qu’Anne Rice, qui avait au départ Rutger Hauer en tête (devenu trop âgé au moment où le projet d’adaptation fut mis en chantier) et avait pesté contre le choix final de Cruise, fit ensuite amende honorable : très satisfaite du film et de la performance de l’acteur, elle alla jusqu’à se payer une double page dans différents titres de presse (Variety notamment) pour exprimer son contentement.
"Mission : Impossible" (1996-…)
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Quand on est presque certain de gagner, il faudrait être idiot pour ne pas miser sur soi et toucher le pactole : fort de son aura de superstar hollywoodienne, Tom Cruise devient (enfin) producteur avec le lancement de la saga, qui égrène depuis ses opus avec régularité (quatre en quinze ans). Devant la caméra, l’acteur se mue définitivement en action hero, comme en témoignent encore ses récentes galipettes à 800 mètres de haut, le long de la Burj Khalifa – Mission : Impossible 4, énorme carton au BO mondial avec presque 700 millions de dollars de recettes*, record de la saga, qui a au passage dépassé les deux milliards de recettes.
L’occasion de rappeler que si Tom Cruise a souvent été l’objet de vilaines rumeurs concernant son "côté obscur" ou son prosélytisme scientologue, il a sur les plateaux la réputation d’être extrêmement professionnel, de disposer d’une forme physique étincelante et d’être l’un des rares à - vraiment - prendre des risques, effectuant, tel Bébel, la plupart de ses cascades - dans la mesure du possible et de la mansuétude des compagnies d’assurances.
Adaptation très libre de la série TV (au point que Peter Graves, entre autres interprètes de cette dernière, renoncera à en être), les Mission : Impossible sont de qualité - très - inégale ; se souvenir à cet égard du numéro II, notamment, mais pas seulement, le premier épisode valant surtout par une ou deux scènes d’anthologie, comme le rappelle la photo ci-dessus. Mais s’il faut une franchise à succès pour asseoir la carrière d’une star, Cruise l’a ici trouvée, raflant le jackpot et assurant sa mainmise via son nouveau rôle de producteur. Accessoirement, il ajoute quelques réals à sa collection et travaille sous la direction du maître Brian De Palma (déjà bien engagé sur la pente du déclin), d'un John Woo qui n’aura jamais complètement pu exprimer son talent aux USA (Volte/Face mis à part), d'un futur boss d’Hollywood (J.J. Abrams) et d'un compagnon de route de Pixar (Brad Bird, qui a autant réussi son passage au live qu’Andrew Stanton l’a foiré avec John Carter). Bref, de jolis noms (à défaut de grands films) en plus sur un CV qui n’en manquait pas.
"Jerry Maguire" (1996)
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Cameron Crowe n’est peut-être pas le plus prestigieux des noms figurant sur la filmographie de Tom Cruise (voir aussi le remake Vanilla Sky)... Son cinéma n’en a pas moins quelque chose de profondément attachant (cf. Almost Famous, pour n’en citer qu’un) : appelons ça un supplément d’âme.
Avec cette success story à l’américaine taillée pour les Oscars et reposant largement sur ses épaules, comme l’indique suffisamment le titre, l’acteur obtient sa deuxième nomination (et son deuxième Golden Globe)... laissant Cuba Gooding Jr. récolter l’Oscar du meilleur second rôle - décidément, quand ça veut pas. Comme souvent, le rôle était au départ écrit pour un autre acteur, Tom Hanks, qui eut la bonne idée d’avoir un film à réaliser au même moment (That Thing You Do!).
Richement pourvu en punchlines marquantes (« Show me the money », « Help me help you »), Jerry Maguire triomphe au box-office (273 millions de recettes, dont plus de 150 sur le sol US, pour un budget de 50*) et devient le cinquième film de rang de l’acteur à dépasser les 100 millions, nouveau record du genre à l’époque ; l’échec d’Horizons lointains est… loin. A noter, Tom Cruise tenta d’aider son réalisateur à convaincre Billy Wilder (idole de Crowe) d’apparaître dans le film, en l’accompagnant dans les bureaux du vénérable, qui avait pas mal tergiversé avant de dire non. En vain. La "Tomnipotence" n'est pas de ce monde.
"Eyes Wide Shut" (1998)
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C’est peu dire que la rencontre entre l'immense Stanley Kubrick et le couple le plus glamour de Hollywood (l'hydre "BradAngelina" n’a pas encore envahi les magazines), Cruise-Kidman, excita l’intérêt des médias autour de ce mystérieux tournage, ultra-barricadé, à l'occasion duquel les deux stars devaient se livrer comme jamais. Climax d’une carrière, et même si le maître avait avant tout besoin de deux époux, cet engagement traduisait de fait la reconnaissance de l’épaisseur prise par l’acteur, qui avec sa compagne sacrifia quasiment deux années (dix-neuf mois de l’automne 1996 à l’été 1997, en vertu d’un contrat sans deadline) pour se mettre au service du cinéaste, lequel décéda juste après avoir présenté un premier montage du film, sorti de façon posthume. Parfois critiquée à l'époque (sur le mode "Kubrick c’était mieux avant" ou "L’a pas eu le temps de finir, ça se voit") et même dénigrée (par R. Lee Ermey), cette brillantissime et très "hot" adaptation d’Arthur Schnitzler a depuis été réévaluée par beaucoup – et fort justement.
Si le couple star se séparera officiellement en 2001, l'habile Kubrick aura auparavant eu le temps de mettre à profit la mise en scène de leur intimité, de s'appuyer sur le trouble qu’elle ne cesse d’alimenter dans l’imaginaire populaire (écho des rumeurs qui de tous temps ont circulé autour de Tom Cruise et de son couple). Le film, dont la scène d’orgie fut partiellement censurée aux USA via ajouts numériques, fut ainsi dès sa conception l’objet de tous les fantasmes - à juste titre, vu le sujet. La preuve avec cette légende circulant au sujet de la "véritable" raison du départ d’Harvey Keitel, qui faisait initialement partie du casting : lors d’une scène, ce dernier était censé se masturber derrière Nicole Kidman. Ce qu’il aurait fait. Réellement, sans simuler, en bon disciple de la Méthode, pour finalement éjaculer sur la splendide chevelure de l’actrice, qui aurait quitté le plateau. Devant l’insistance du couple, Kubrick se serait alors vu contraint de renvoyer Keitel, le remplacer et re-tourner ses scènes. Avérée ou pas, ça reste une bonne histoire - meilleure que la version officielle, qui veut que Keitel soit parti pour honorer un autre engagement (Finding Graceland).
A noter, avec Eyes Wide Shut, Tom Cruise dépasse une nouvelle fois les 100 millions au box-office (mondial, seulement, puisque le film ne récolte que 55 millions sur le sol américain).
"Magnolia" (1999)
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Une fois n’est pas coutume, Tom Cruise trouve ici un rôle écrit pour lui, par un réalisateur expressément venu lui rendre visite sur le plateau d’Eyes Wide Shut – l’acteur, impressionné par Boogie Nights, l'avait initialement contacté. Et, une fois n’est pas coutume (bis), son interprétation de sex-gourou cathodique et viriliste, fils abandonné de Jason Robards (dans son dernier rôle), lui rapporte un Golden Globe du meilleur second rôle, ainsi qu'une troisième nomination à l’Oscar (la dernière en date).
Bref, avec ce film choral de trois heures (après les 2h40 d’Eyes Wide Shut) très favorablement reçu par la critique, l'acteur soigne sa filmo. Pas à vil prix cependant, puisque le budget aurait été porté de 20 à 37 millions suite à son recrutement (il accepta pourtant de réduire son cachet habituel, 20 millions de dollars). Il faut bien manger, et Paul Thomas Anderson n’est pas Kubrick pour exiger plus de sacrifices – du moins There Will Be Blood restait-il à venir. Mais quinze ans après Top Gun, la bascule a eu lieu, et plus personne ne se risque à dire que le blanc-bec de Syracuse ne sait pas jouer.
Existerait-il une connexion secrète entre Magnolia et Cocktail ? Voir la BA ci-dessous (le « And when it rains, it pours… » rappelle quelque chose...) :
"Minority Report" (2002)
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Des adaptations de Philip K. Dick sur grand écran, on retenait surtout jusque-là Blade Runner et Total Recall. A compter de sa sortie, il fallut adjoindre Minority Report au duo, tant cette attendue et sans cesse retardée première collaboration entre l’acteur et Steven Spielberg (un de plus sur la liste) se révéla convaincante, au-delà de ses recettes, une nouvelle fois satisfaisantes (358 millions de dollars à travers le monde*). Venant après le semi-échec d’A.I. Intelligence artificielle pour le réalisateur, le tournage réunit ainsi deux "kubrickiens", et permit à Tom Cruise de faire sa première (mais pas dernière) véritable incursion dans la SF. La star attaqua ce tournage quelques jours seulement après avoir bouclé celui de Vanilla Sky (remake dont la thématique le rapprochait déjà de K. Dick). Cameron Crowe (de même que Paul Thomas Anderson) fait d’ailleurs un caméo dans le film, rendant ainsi la pareille à Spielberg qui apparaissait dans Vanilla Sky.
Nouveau "star-vehicle" entièrement articulé autour de Tom Cruise, le film chercha d’ailleurs quelque temps son détective Witwer, finalement campé par un Colin Farrell alors en pleine ascension. La raison de ce léger délai fut peut-être formulée par Javier Bardem, un temps pressenti pour le rôle, et qui finit par expliquer qu'il ne souhaitait pas se contenter « de courir partout en chassant Tom Cruise ». Bref, contrairement à Brad Pitt dans Entretien avec un vampire (voir plus haut), Javier avait vu venir le coup. Plus question pour qui que ce soit de voler la vedette à Tom Cruise ou de lui manger sur la tête, comme pouvaient à ses débuts le faire les expérimentés Newman et Hoffman, oscarisés à ses côtés.
"Collateral" (2004)
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Edward Zwick, ça fonctionne, mais c’est un brin appliqué. Après le relatif succès (financier au moins) du Dernier samouraï, Tom Cruise croise la route du virtuose formaliste Michael Mann, lequel a mis la main sur un excellent scénario (ce qui n’a pas toujours été le cas) : la recette est bonne, le cuistot doué, et le résultat forcément réussi. Héritant d’un rôle à contre-emploi qui aurait pu échoir à Russell Crowe, Edward Norton ou Colin Farrell, Cruise prête ses traits à un magnétique bad guy poivre et sel, adoptant la gestuelle élaborée de l’assassin moderne, dans un Los Angeles nocturne magnifié par la palette de Mann. Histoire de se préparer au rôle (celui d’une ombre) et à la demande de son réalisateur, l'acteur se déguise en coursier et s'acquitte de quelques livraisons sans être reconnu. Le genre d'anecdote qui fait sérieux, aux Etats-Unis.
Tout y est, donc : succès public (217 millions de dollars de recettes à travers le monde*), succès critique, performance spectaculaire. Rien n’y fait, Tom Cruise n’est même pas nommé aux Oscars, contrairement à son partenaire Jamie Foxx (dans la catégorie second rôle)... lequel rafle la statuette du meilleur acteur pour un autre film, Ray. A noter, le personnage de chauffeur de taxi de ce dernier aurait également pu être interprété par Adam Sandler voire par Cuba Gooding Jr., mais ce dernier avait déjà partagé l'affiche de Jerry Maguire avec Tom Cruise, ce qui le disqualifia aux yeux de Michael Mann. Le scénariste Stuart Beattie aurait pour sa part souhaité confier le rôle au Taxi Driver Robert De Niro, histoire de jouer sur la référence ; le studio s'y opposa, préférant opter pour quelqu’un de plus jeune. Quant à Val Kilmer, ex-partenaire de Tom Cruise dans Top Gun, il privilégia le tournage d’Alexandre (un bon condensé de ses choix de carrière) et fut remplacé par l’excellent Mark Ruffalo.
"La Guerre des Mondes" (2005)
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Deuxième collaboration avec Spielberg, deuxième adaptation d’un classique de la SF (signé H.G. Wells cette fois-ci, cauchemar autrefois narré en radio avec un effrayant succès par un autre Welles) et deuxième réussite (sauf la fin), avec à la clé quelques scènes stupéfiantes. Oeuvre parmi les plus sombres et désespérées de son auteur (sauf la fin), qui s’il retrouve la thématique familiale n'en expose pas moins son pessimisme de façon inaccoutumée (sauf à la fin), La Guerre des Mondes est un grand succès public (près de 600 millions au BO mondial*), treizième film en vingt ans de carrière pour Tom Cruise à dépasser les 100 millions de dollars de recettes sur le seul territoire américain. Costaud.
"Mr. Bankable" reste donc au top, mais il ne cesse d’intriguer, voire d’inquiéter, et le mystère qui n’a jamais cessé de planer à son sujet ne se dissipe pas à la faveur de la promo du film, durant laquelle il apparaît étrangement exalté lors d’une émission d’Oprah Winfrey, déclarant sa flamme à Katie Holmes (le fameux épisode du "Couch Jumping", survenu devant un public lui-même totalement hystérique, faut-il préciser ; pauvre Katie...). Cet incident et d'autres amèneront la Paramount, après de longues années de collaboration, à "congédier" la star en 2006. Nombreux furent alors ceux qui lui prédirent une fin de carrière douloureuse... à tort, puisque Tom Cruise a survécu bon an mal an aux polémiques qui avaient écorné son image, et s'est même réconcilié avec la Paramount.
"Tonnerre sous les Tropiques" (2008)
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Certainement la plus belle surprise que Tom Cruise, méconnaissable, ait jamais réservé aux spectateurs, et la preuve que plus les années passent, plus l’acteur prend de l’épaisseur… au sens strict, puisqu’il apparaît ici (et de sa propre initiative) empâté, chauve, outrageusement poilu et affublé de mains disproportionnées pour donner corps à Les Grossman, décapante parodie de producteur hollywoodien fan de rap.
L'apparition est si spectaculairement réussie qu’on évoque à plusieurs reprises un projet de spin-off centré sur le personnage. Se révèle au grand jour un potentiel comique jusque-là largement inexploité au cinéma. Tom Cruise avait pourtant déjà croisé Ben Stiller, lors d'un sketch hilarant dans lequel ce dernier campait un certain... "Tom Crooze", doublure de l’acteur
A venir...
A chacun de ses (rares) échecs, on prédit son inéluctable déclin, et on finira forcément par avoir raison. Jusqu’ici toutefois, un Mission : Impossible 4 est presque toujours venu faire oublier les Lions et agneaux ; pour le coup, Redford l’éternel s’en est nettement moins bien tiré, avec un dernier film (La Conspiration) sorti directement en DVD chez nous.
Voici donc ce que Tom Cruise nous prépare pour les prochains mois :
- Jack Reacher, de Christopher McQuarrie [déjà tourné]
- Oblivion, de Joseph Kosinski [déjà tourné]
- All You Need Is Kill, de Doug Liman
- Moins certains ou plus lointains : Top Gun 2, Van Helsing, Mission: Impossible 5, A Star is Born, El Presidente, voire un hypothétique remake des Sept mercenaires…
- Et puis... médiatiquement parlant, une procédure de divorce, après cinq ans de mariage avec Katie Holmes (dont la carrière aura salement morflé, au passage).
Rayon terres inconnues, il n'est pas inutile de rappeler que Tom Cruise n’a jamais prêté sa voix à un film d’animation, et qu'il lui reste tout de même quelques continents à découvrir, et quelques noms à cocher (Cronenberg ou del Toro, par exemple, dont il a récemment failli croiser la route).
Alexis Geng
"Risky Business" (1983)
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Le film de la révélation pour le juvénile Tom Cruise (20 ans lors du tournage), qui s’était jusque-là contenté d’apparitions chez Zeffirelli (Un Amour infini), Harold Becker (Taps), Coppola (Outsiders et sa brochette de stars en herbe) et Curtis Hanson (American Teenagers). Ce teenage movie à forte charge sociale/satirique, dans lequel il campe un lycéen des banlieues bourgeoises qui profite de l’absence parentale pour s’affranchir des interdits (via la très suave call girl interprétée par Rebecca De Mornay), est devenu depuis l'un des mètres-étalons du genre, trois ans avant La Folle journée de Ferris Bueller (emmené lui par Matthew Broderick, l’un de ces concurrents des eighties - cf. aussi War Games - que Cruise a plus ou moins laissé sur le bord de la route).
Sorti aux USA à l’été 1983, Risky Business se révèle une affaire plus florissante que risquée puisqu'il rapporte plus de dix fois sa mise (63 millions de dollars de recettes US pour 6 de budget), lançant véritablement la carrière de sa jeune star. Mieux : très bien accueilli par la critique, le film inscrit l’impétrant dans la mémoire des spectateurs grâce notamment à la scène, en grande partie improvisée, de danse en slip-chaussettes-chemise . Tom Cruise n’est pourtant pas passé loin de manquer l’opportunité, puisqu’outre Nicolas Cage et Tom Hanks, auditionnés pour le rôle, il comptait parmi ses concurrents Timothy Hutton, son partenaire de Taps (dans lequel jouait également Sean Penn, qui fait ici un bref caméo). Le voici néanmoins sacré roi des teenagers, et figurant désormais en bonne place sur les tablettes des producteurs hollywoodiens.
"Top Gun" (1986)
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Et Tom Cruise devint Top Cruise… Si Risky Business a lancé l'acteur, Top Gun le consacre star mondiale. Le film de Tony Scott, produit par le tandem infernal Don Simpson-Jerry Bruckheimer (les véritables auteurs du film), est d’ailleurs au moins aussi important pour l’histoire de l’industrie hollywoodienne que pour la carrière de l'acteur ; et de fait, aussi adulé que honni, il a suscité quelques débats de fond, sorte de date-clé marquant pour certains le début de la fin et l'entrée dans une ère de toute-puissance du cinéma de divertissement (au sens pas trop noble), révélant pour d’autres (et souvent a posteriori) le talent de formaliste du plus jeune des frères Scott, qui mettra vingt ans à obtenir la reconnaissance de la critique. Celui-ci retrouvera Tom Cruise (et le duo Simpson-Bruckheimer) pour Jours de tonnerre, sorte de Top Gun sur piste qui permit à l’acteur de rencontrer Nicole Kidman.
En 1986, Top Gun écrase le box-office mondial avec 350 millions de dollars de recettes* (pour un budget de production annoncé à 15 millions), Take My Breath Away règne sur les charts, le couple Tom Cruise-Kelly McGillis (5 ans et 8 centimètres de plus que son partenaire masculin) inspire les amoureux un peu comme Rudi Völler les coiffeurs. Enchaînant ce tournage juste après celui de Legend (réalisé par l’aîné des Scott, Ridley), Tom Cruise prête son 1m70 à l’inoubliable "Maverick", tête brûlée de l’aéronavale US, équipé tout de même de quelques "rehausseurs" pour ne pas faire trop nabot à côté de McGillis, dans ce qui reste pour Sid/Quentin Tarantino (cf. Sleep With Me) un must du cinéma crypto-gay (voir en images ci-dessous), doté de scènes de combats aériens si convaincantes que l’armée et la TV chinoises n’hésitèrent pas (en 2011 !) à piocher dedans (voir le détail de "l'affaire" ici)...
De nouveau, la liste des acteurs qui auraient loupé le coche, laissant le champ libre à Tom Cruise, est impressionnante : Patrick Swayze, Emilio Estevez, Nicolas Cage, John Cusack, Matthew Broderick, Sean Penn, Michael J. Fox, Tom Hanks, Jim Carrey, Rob Lowe, Eric Stoltz (lequel jouera d'ailleurs dans Sleep With Me), John Travolta, Scott Baio, Robert Downey Jr. ou Charlie Sheen - même si, d’une certaine manière, ce dernier se rattrapera avec la parodie Hot Shots !. Il fut très tôt question de donner une suite à ce triomphe (Hollywood était déjà Hollywood), mais, notamment en raison des exigences financières de Cruise, cette idée fut pratiquement abandonnée durant deux décennies, avant de ressurgir avec plus de vigueur ces derniers temps (voir la dernière news), et un Tony Scott prêt à reprendre les manettes. Il faut dire que le réalisateur est accoutumé aux interruptions, puisqu'il fut officiellement viré trois fois en cours de tournage. Dans la même veine, rappelons qu'il dirigea dans Top Gun un Val "Iceman" Kilmer obligé par contrat de tourner le film, et pas excessivement enthousiaste donc.
"La Couleur de l’argent" (1986)
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La Couleur de l'argent n'est peut-être pas un grand Scorsese, mais il offrit tout de même à Tom Cruise, outre un premier rôle chez un auteur d'exception avant ses 25 ans, la chance de côtoyer la légende Paul Newman, dans un film où ce dernier reprend son rôle de L'Arnaqueur, un peu plus de… 25 ans plus tard. Le duo fonctionne honorablement au box-office (52 millions de dollars de recettes US, pour un peu moins de 14 de budget*), et vaudra surtout son seul et unique Oscar du meilleur acteur à Newman - qui ne viendra pas le chercher.
Tom Cruise, seul membre du trio qu’il forme avec son aîné et Mary Elizabeth Mastrantonio à ne pas être nommé aux Oscars (une désillusion qui en annonce d’autres), recroise au passage Bruce A. Young (le travesti de Risky Business), sur le plateau d’un tournage durant lequel il tâche d’accomplir lui-même les prouesses de son personnage. Il exécute ainsi tous les coups de billard à l’exception d’un seul (un "saut au-dessus de deux boules", en langage profane), opéré par un pro… pour la bonne et simple raison que Martin Scorsese, qui eût certes pu laisser Tom Cruise prendre deux jours pour apprendre le coup en question, se refusa à retarder la production.
"Cocktail" (1988)
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Romance kitsch et assez tarte multi-diffusée à la télé, Cocktail figure ici moins pour sa qualité cinématographique que parce qu’il a en définitive offert un rôle relativement "iconique" à Tom Cruise, devenu pour l’occasion roi du jonglage en milieu éthylique - un genre de Top Gun du comptoir. Dirigé par le yes man Roger Donaldson (qui sévit toujours avec plus ou moins de succès), le film a excellemment marché, puisque doté d’un budget de 11 millions de dollars il en rapporta pas moins de 171 à travers le monde*.
Cocktail, "divertissement" rehaussé par la présence de la délicieuse Elisabeth Shue mais (on le répète) archétype du nanar eighties, remporta d’ailleurs les Razzie Awards du pire film et du pire scénario, tandis que Tom Cruise était nommé au titre d’acteur. Pour résumer le paradoxe que constitue ce film que tout le monde aurait dû oublier et dont tout le monde se souvient, sachez qu’il est listé parmi les "100 Most Enjoyably Bad Movies Ever Made" (les "100 films les plus agréablement mauvais jamais tournés") par le Official Razzie Movie Guide. Cerise sur la framboise, l’affiche US du film avait hérité d’une tagline plutôt gratinée : « When he pours, he reigns »...
"Rain Man" (1988)
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Immense succès mondial (plus de 350 millions de dollars engrangés malgré des débuts poussifs, pour 25 millions de budget*) couronné par quatre Oscars, classique copié, cité, détourné à de multiples reprises depuis (bref, véritable objet de culture populaire), Rain Man représente paradoxalement pour Tom Cruise une expérience mitigée : il y joue en quelque sorte le clown blanc, faire-valoir (au départ assez antipathique) de Dustin Hoffman, presque placé en position de spectateur de ce dernier alors même que l’histoire repose sur la paire qu’il forme avec son aîné.
Si la spectaculaire performance d’Hoffman lui permet de "dévorer" son jeune partenaire, celle de Cruise est d’autant plus méritoire qu’elle doit se faire en sourdine - en somme, il n'a pas le beau rôle. Le cadet est du reste injustement boudé lors d’une cérémonie des Oscars qui distingue le (producteur du) film, son réalisateur (Barry Levinson), Dustin Hoffman et les scénaristes… Bref tout le monde, sauf Tom Cruise - sans doute la rançon du succès. Illustration récente de ce type de phénomène, en 2003 Gangs of New York s’était retrouvé avec dix nominations (zéro oscar au final), et aucune pour Leonardo DiCaprio, largement éclipsé par Daniel Day-Lewis.
Pour mémoire (et son héros en a à revendre), Rain Man était au départ écrit pour les frères Quaid (Randy et Dennis). Arriva ensuite Dustin Hoffman, qui devait jouer le rôle de Charlie, mais obtint en définitive celui de Raymond, personnage qu'il fit passer du retard mental (première version de l'histoire) à l’autisme génial. En recevant son Oscar (le deuxième), Hoffman n’oublia pas de saluer son vieil ami Gene Hackman, nommé lui pour Mississippi Burning, ainsi que ses autres concurrents… mais omis de mentionner nommément son partenaire à l’écran (voir ici). Double consolation pour Tom Cruise : donner la réplique à un futur oscarisé (pour la deuxième fois après La Couleur de l'argent), c'est un peu comme réaliser une passe décisive. Et puis les Ray-Ban qu'il porte dans le film auraient ensuite connu une forte progression de leurs ventes...
"Né un 4 juillet" (1989)
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C’était donc partie remise : boudé jusque-là par l’Académie, Tom Cruise décroche grâce au deuxième volet de la (future) trilogie vietnamienne d’Oliver Stone sa première nomination à l’Oscar du meilleur acteur. Pas illogique dans la mesure où, après avoir joué les jeunes premiers, il trouve ici son premier vrai "rôle à Oscar" - celui d'un vétéran paralytique du Viêtnam. Manque de pot, il n’obtiendra que le Golden Globe, laissant la statuette à Daniel Day-Lewis – My Left Foot, autre grand numéro de paralytique.
Si Charlie Sheen, un temps envisagé pour le rôle principal (Tom Cruise hérita plus ou moins de ce dernier à défaut de pouvoir obtenir celui de Wall Street, tenu par le même Sheen, l’un de ses concurrents à l’époque), n’est pas de l’aventure, pas moins de onze acteurs de Platoon (en incluant les cameos d’Oliver Stone) apparaissent dans ce film, en tête desquels Willem Dafoe et Tom Berenger. Une nouvelle fois, le film est remarquablement bien accueilli par le public, avec 161 millions de dollars de recettes monde pour un budget de production de 14 millions*. Bankable et nommé à l’Oscar avant ses 30 ans : les choses prennent indéniablement tournure.
"Entretien avec un vampire" (1994)
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On enjambe certains films qui auraient pu être mentionnés plus longuement (La Firme ou Des hommes d'honneur rayon succès, Horizons lointains, un échec, et Jours de tonnerre dans l'entre-deux) pour en venir au premier rôle de "méchant" - même si les choses sont un peu plus compliquées que cela - de l’acteur dans l’adaptation d’Anne Rice par Neil Jordan : quoi qu'on pense de cette dernière, au tour de Tom Cruise de voler la vedette aux autres, puisque sa charismatique composition de Lestat écrase le film, au générique duquel on retrouvait pourtant une brochette de belles gueules en pleine ascension (Brad Pitt, Antonio Banderas, Christian Slater, ce dernier venant remplacer le regretté River Phoenix). A tel point que Brad Pitt a depuis confié (à Entertainment Weekly) qu’il gardait un souvenir exécrable du tournage, entre autres parce qu’il y joua les seconds couteaux (« the bitch role » par rapport à Cruise, selon sa formule plutôt directe). « [Dans le scénario,] pour moi, il n’y avait juste rien à faire – juste à s’asseoir et regarder Tom Cruise. Il avait toute cette pression sur lui pour que ça fonctionne, et il a permis que ça fonctionne – tant mieux pour lui. » On relèvera l’hommage derrière l'évocation un brin amère. Le film valut d'ailleurs aux deux acteurs le Razzie du pire couple...
Côté chiffres, Entretien marche fort avec 223 millions de recettes à travers le monde pour 60 de budget*. Tom Cruise est ainsi doublement payé des longues heures passées au maquillage, d’autant qu’Anne Rice, qui avait au départ Rutger Hauer en tête (devenu trop âgé au moment où le projet d’adaptation fut mis en chantier) et avait pesté contre le choix final de Cruise, fit ensuite amende honorable : très satisfaite du film et de la performance de l’acteur, elle alla jusqu’à se payer une double page dans différents titres de presse (Variety notamment) pour exprimer son contentement.
"Mission : Impossible" (1996-…)
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Quand on est presque certain de gagner, il faudrait être idiot pour ne pas miser sur soi et toucher le pactole : fort de son aura de superstar hollywoodienne, Tom Cruise devient (enfin) producteur avec le lancement de la saga, qui égrène depuis ses opus avec régularité (quatre en quinze ans). Devant la caméra, l’acteur se mue définitivement en action hero, comme en témoignent encore ses récentes galipettes à 800 mètres de haut, le long de la Burj Khalifa – Mission : Impossible 4, énorme carton au BO mondial avec presque 700 millions de dollars de recettes*, record de la saga, qui a au passage dépassé les deux milliards de recettes.
L’occasion de rappeler que si Tom Cruise a souvent été l’objet de vilaines rumeurs concernant son "côté obscur" ou son prosélytisme scientologue, il a sur les plateaux la réputation d’être extrêmement professionnel, de disposer d’une forme physique étincelante et d’être l’un des rares à - vraiment - prendre des risques, effectuant, tel Bébel, la plupart de ses cascades - dans la mesure du possible et de la mansuétude des compagnies d’assurances.
Adaptation très libre de la série TV (au point que Peter Graves, entre autres interprètes de cette dernière, renoncera à en être), les Mission : Impossible sont de qualité - très - inégale ; se souvenir à cet égard du numéro II, notamment, mais pas seulement, le premier épisode valant surtout par une ou deux scènes d’anthologie, comme le rappelle la photo ci-dessus. Mais s’il faut une franchise à succès pour asseoir la carrière d’une star, Cruise l’a ici trouvée, raflant le jackpot et assurant sa mainmise via son nouveau rôle de producteur. Accessoirement, il ajoute quelques réals à sa collection et travaille sous la direction du maître Brian De Palma (déjà bien engagé sur la pente du déclin), d'un John Woo qui n’aura jamais complètement pu exprimer son talent aux USA (Volte/Face mis à part), d'un futur boss d’Hollywood (J.J. Abrams) et d'un compagnon de route de Pixar (Brad Bird, qui a autant réussi son passage au live qu’Andrew Stanton l’a foiré avec John Carter). Bref, de jolis noms (à défaut de grands films) en plus sur un CV qui n’en manquait pas.
"Jerry Maguire" (1996)
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Cameron Crowe n’est peut-être pas le plus prestigieux des noms figurant sur la filmographie de Tom Cruise (voir aussi le remake Vanilla Sky)... Son cinéma n’en a pas moins quelque chose de profondément attachant (cf. Almost Famous, pour n’en citer qu’un) : appelons ça un supplément d’âme.
Avec cette success story à l’américaine taillée pour les Oscars et reposant largement sur ses épaules, comme l’indique suffisamment le titre, l’acteur obtient sa deuxième nomination (et son deuxième Golden Globe)... laissant Cuba Gooding Jr. récolter l’Oscar du meilleur second rôle - décidément, quand ça veut pas. Comme souvent, le rôle était au départ écrit pour un autre acteur, Tom Hanks, qui eut la bonne idée d’avoir un film à réaliser au même moment (That Thing You Do!).
Richement pourvu en punchlines marquantes (« Show me the money », « Help me help you »), Jerry Maguire triomphe au box-office (273 millions de recettes, dont plus de 150 sur le sol US, pour un budget de 50*) et devient le cinquième film de rang de l’acteur à dépasser les 100 millions, nouveau record du genre à l’époque ; l’échec d’Horizons lointains est… loin. A noter, Tom Cruise tenta d’aider son réalisateur à convaincre Billy Wilder (idole de Crowe) d’apparaître dans le film, en l’accompagnant dans les bureaux du vénérable, qui avait pas mal tergiversé avant de dire non. En vain. La "Tomnipotence" n'est pas de ce monde.
"Eyes Wide Shut" (1998)
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C’est peu dire que la rencontre entre l'immense Stanley Kubrick et le couple le plus glamour de Hollywood (l'hydre "BradAngelina" n’a pas encore envahi les magazines), Cruise-Kidman, excita l’intérêt des médias autour de ce mystérieux tournage, ultra-barricadé, à l'occasion duquel les deux stars devaient se livrer comme jamais. Climax d’une carrière, et même si le maître avait avant tout besoin de deux époux, cet engagement traduisait de fait la reconnaissance de l’épaisseur prise par l’acteur, qui avec sa compagne sacrifia quasiment deux années (dix-neuf mois de l’automne 1996 à l’été 1997, en vertu d’un contrat sans deadline) pour se mettre au service du cinéaste, lequel décéda juste après avoir présenté un premier montage du film, sorti de façon posthume. Parfois critiquée à l'époque (sur le mode "Kubrick c’était mieux avant" ou "L’a pas eu le temps de finir, ça se voit") et même dénigrée (par R. Lee Ermey), cette brillantissime et très "hot" adaptation d’Arthur Schnitzler a depuis été réévaluée par beaucoup – et fort justement.
Si le couple star se séparera officiellement en 2001, l'habile Kubrick aura auparavant eu le temps de mettre à profit la mise en scène de leur intimité, de s'appuyer sur le trouble qu’elle ne cesse d’alimenter dans l’imaginaire populaire (écho des rumeurs qui de tous temps ont circulé autour de Tom Cruise et de son couple). Le film, dont la scène d’orgie fut partiellement censurée aux USA via ajouts numériques, fut ainsi dès sa conception l’objet de tous les fantasmes - à juste titre, vu le sujet. La preuve avec cette légende circulant au sujet de la "véritable" raison du départ d’Harvey Keitel, qui faisait initialement partie du casting : lors d’une scène, ce dernier était censé se masturber derrière Nicole Kidman. Ce qu’il aurait fait. Réellement, sans simuler, en bon disciple de la Méthode, pour finalement éjaculer sur la splendide chevelure de l’actrice, qui aurait quitté le plateau. Devant l’insistance du couple, Kubrick se serait alors vu contraint de renvoyer Keitel, le remplacer et re-tourner ses scènes. Avérée ou pas, ça reste une bonne histoire - meilleure que la version officielle, qui veut que Keitel soit parti pour honorer un autre engagement (Finding Graceland).
A noter, avec Eyes Wide Shut, Tom Cruise dépasse une nouvelle fois les 100 millions au box-office (mondial, seulement, puisque le film ne récolte que 55 millions sur le sol américain).
"Magnolia" (1999)
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Une fois n’est pas coutume, Tom Cruise trouve ici un rôle écrit pour lui, par un réalisateur expressément venu lui rendre visite sur le plateau d’Eyes Wide Shut – l’acteur, impressionné par Boogie Nights, l'avait initialement contacté. Et, une fois n’est pas coutume (bis), son interprétation de sex-gourou cathodique et viriliste, fils abandonné de Jason Robards (dans son dernier rôle), lui rapporte un Golden Globe du meilleur second rôle, ainsi qu'une troisième nomination à l’Oscar (la dernière en date).
Bref, avec ce film choral de trois heures (après les 2h40 d’Eyes Wide Shut) très favorablement reçu par la critique, l'acteur soigne sa filmo. Pas à vil prix cependant, puisque le budget aurait été porté de 20 à 37 millions suite à son recrutement (il accepta pourtant de réduire son cachet habituel, 20 millions de dollars). Il faut bien manger, et Paul Thomas Anderson n’est pas Kubrick pour exiger plus de sacrifices – du moins There Will Be Blood restait-il à venir. Mais quinze ans après Top Gun, la bascule a eu lieu, et plus personne ne se risque à dire que le blanc-bec de Syracuse ne sait pas jouer.
Existerait-il une connexion secrète entre Magnolia et Cocktail ? Voir la BA ci-dessous (le « And when it rains, it pours… » rappelle quelque chose...) :
"Minority Report" (2002)
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Des adaptations de Philip K. Dick sur grand écran, on retenait surtout jusque-là Blade Runner et Total Recall. A compter de sa sortie, il fallut adjoindre Minority Report au duo, tant cette attendue et sans cesse retardée première collaboration entre l’acteur et Steven Spielberg (un de plus sur la liste) se révéla convaincante, au-delà de ses recettes, une nouvelle fois satisfaisantes (358 millions de dollars à travers le monde*). Venant après le semi-échec d’A.I. Intelligence artificielle pour le réalisateur, le tournage réunit ainsi deux "kubrickiens", et permit à Tom Cruise de faire sa première (mais pas dernière) véritable incursion dans la SF. La star attaqua ce tournage quelques jours seulement après avoir bouclé celui de Vanilla Sky (remake dont la thématique le rapprochait déjà de K. Dick). Cameron Crowe (de même que Paul Thomas Anderson) fait d’ailleurs un caméo dans le film, rendant ainsi la pareille à Spielberg qui apparaissait dans Vanilla Sky.
Nouveau "star-vehicle" entièrement articulé autour de Tom Cruise, le film chercha d’ailleurs quelque temps son détective Witwer, finalement campé par un Colin Farrell alors en pleine ascension. La raison de ce léger délai fut peut-être formulée par Javier Bardem, un temps pressenti pour le rôle, et qui finit par expliquer qu'il ne souhaitait pas se contenter « de courir partout en chassant Tom Cruise ». Bref, contrairement à Brad Pitt dans Entretien avec un vampire (voir plus haut), Javier avait vu venir le coup. Plus question pour qui que ce soit de voler la vedette à Tom Cruise ou de lui manger sur la tête, comme pouvaient à ses débuts le faire les expérimentés Newman et Hoffman, oscarisés à ses côtés.
"Collateral" (2004)
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Edward Zwick, ça fonctionne, mais c’est un brin appliqué. Après le relatif succès (financier au moins) du Dernier samouraï, Tom Cruise croise la route du virtuose formaliste Michael Mann, lequel a mis la main sur un excellent scénario (ce qui n’a pas toujours été le cas) : la recette est bonne, le cuistot doué, et le résultat forcément réussi. Héritant d’un rôle à contre-emploi qui aurait pu échoir à Russell Crowe, Edward Norton ou Colin Farrell, Cruise prête ses traits à un magnétique bad guy poivre et sel, adoptant la gestuelle élaborée de l’assassin moderne, dans un Los Angeles nocturne magnifié par la palette de Mann. Histoire de se préparer au rôle (celui d’une ombre) et à la demande de son réalisateur, l'acteur se déguise en coursier et s'acquitte de quelques livraisons sans être reconnu. Le genre d'anecdote qui fait sérieux, aux Etats-Unis.
Tout y est, donc : succès public (217 millions de dollars de recettes à travers le monde*), succès critique, performance spectaculaire. Rien n’y fait, Tom Cruise n’est même pas nommé aux Oscars, contrairement à son partenaire Jamie Foxx (dans la catégorie second rôle)... lequel rafle la statuette du meilleur acteur pour un autre film, Ray. A noter, le personnage de chauffeur de taxi de ce dernier aurait également pu être interprété par Adam Sandler voire par Cuba Gooding Jr., mais ce dernier avait déjà partagé l'affiche de Jerry Maguire avec Tom Cruise, ce qui le disqualifia aux yeux de Michael Mann. Le scénariste Stuart Beattie aurait pour sa part souhaité confier le rôle au Taxi Driver Robert De Niro, histoire de jouer sur la référence ; le studio s'y opposa, préférant opter pour quelqu’un de plus jeune. Quant à Val Kilmer, ex-partenaire de Tom Cruise dans Top Gun, il privilégia le tournage d’Alexandre (un bon condensé de ses choix de carrière) et fut remplacé par l’excellent Mark Ruffalo.
"La Guerre des Mondes" (2005)
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Deuxième collaboration avec Spielberg, deuxième adaptation d’un classique de la SF (signé H.G. Wells cette fois-ci, cauchemar autrefois narré en radio avec un effrayant succès par un autre Welles) et deuxième réussite (sauf la fin), avec à la clé quelques scènes stupéfiantes. Oeuvre parmi les plus sombres et désespérées de son auteur (sauf la fin), qui s’il retrouve la thématique familiale n'en expose pas moins son pessimisme de façon inaccoutumée (sauf à la fin), La Guerre des Mondes est un grand succès public (près de 600 millions au BO mondial*), treizième film en vingt ans de carrière pour Tom Cruise à dépasser les 100 millions de dollars de recettes sur le seul territoire américain. Costaud.
"Mr. Bankable" reste donc au top, mais il ne cesse d’intriguer, voire d’inquiéter, et le mystère qui n’a jamais cessé de planer à son sujet ne se dissipe pas à la faveur de la promo du film, durant laquelle il apparaît étrangement exalté lors d’une émission d’Oprah Winfrey, déclarant sa flamme à Katie Holmes (le fameux épisode du "Couch Jumping", survenu devant un public lui-même totalement hystérique, faut-il préciser ; pauvre Katie...). Cet incident et d'autres amèneront la Paramount, après de longues années de collaboration, à "congédier" la star en 2006. Nombreux furent alors ceux qui lui prédirent une fin de carrière douloureuse... à tort, puisque Tom Cruise a survécu bon an mal an aux polémiques qui avaient écorné son image, et s'est même réconcilié avec la Paramount.
"Tonnerre sous les Tropiques" (2008)
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Certainement la plus belle surprise que Tom Cruise, méconnaissable, ait jamais réservé aux spectateurs, et la preuve que plus les années passent, plus l’acteur prend de l’épaisseur… au sens strict, puisqu’il apparaît ici (et de sa propre initiative) empâté, chauve, outrageusement poilu et affublé de mains disproportionnées pour donner corps à Les Grossman, décapante parodie de producteur hollywoodien fan de rap.
L'apparition est si spectaculairement réussie qu’on évoque à plusieurs reprises un projet de spin-off centré sur le personnage. Se révèle au grand jour un potentiel comique jusque-là largement inexploité au cinéma. Tom Cruise avait pourtant déjà croisé Ben Stiller, lors d'un sketch hilarant dans lequel ce dernier campait un certain... "Tom Crooze", doublure de l’acteur
A venir...
A chacun de ses (rares) échecs, on prédit son inéluctable déclin, et on finira forcément par avoir raison. Jusqu’ici toutefois, un Mission : Impossible 4 est presque toujours venu faire oublier les Lions et agneaux ; pour le coup, Redford l’éternel s’en est nettement moins bien tiré, avec un dernier film (La Conspiration) sorti directement en DVD chez nous.
Voici donc ce que Tom Cruise nous prépare pour les prochains mois :
- Jack Reacher, de Christopher McQuarrie [déjà tourné]
- Oblivion, de Joseph Kosinski [déjà tourné]
- All You Need Is Kill, de Doug Liman
- Moins certains ou plus lointains : Top Gun 2, Van Helsing, Mission: Impossible 5, A Star is Born, El Presidente, voire un hypothétique remake des Sept mercenaires…
- Et puis... médiatiquement parlant, une procédure de divorce, après cinq ans de mariage avec Katie Holmes (dont la carrière aura salement morflé, au passage).
Rayon terres inconnues, il n'est pas inutile de rappeler que Tom Cruise n’a jamais prêté sa voix à un film d’animation, et qu'il lui reste tout de même quelques continents à découvrir, et quelques noms à cocher (Cronenberg ou del Toro, par exemple, dont il a récemment failli croiser la route).
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